Histoire économique : de la révolution industrielle à la 2 guerre mondiale

Dans ce cours d’histoire économique on va traiter les 4 axes suivants : La révolution industrielle ou l’entrée dans le monde économique moderne, De la grande guerre à la grande crise , Les années 1930 : les années sombres, Un monde en quête de cohésion. Débutée à la fin du XVIIIe siècle au Royaume-Uni et se diffusant au cours du XIXe siècle, la révolution industrielle génère des mutations économiques, avènement du capitalisme et du libéralisme, mais également des changements essentiels dans le fonctionnement même des sociétés avec l’apparition des classes sociales puis rapidement leur rivalité. Si la Première Guerre mondiale met un coup d’arrêt à cette expansion et marque la fin de la domination européenne, les nouvelles règles économiques et sociales qui semblent sources de progrès se généralisent au cours des années 1 920 qui se terminent par la grande crise de 1 929.

Histoire économique : de la révolution industrielle à la 2 guerre mondiale

Cette crise va plonger les pays industrialisés dans des difficultés suffisamment importantes pour que de nouvelles approches en matière de politique économique soient adoptées. Les années 1 930 vont ainsi annoncer les interventions que de nombreux États vont mettre en place dans le domaine économique et social de façon plus significative encore après la Seconde Guerre mondiale.

La révolution industrielle ou l’entrée dans le monde économique moderne

Il est communément admis que la révolution industrielle a été précédée d’une révolution agricole. Cette première révolution se serait déroulée approximativement au cours de la période 1680-1720. Elle s’explique par des transformations dans l’organisation générale de la production avec l’abandon de l’exploitation collective et la mise en place de parcelles individualisées. Le souci de faire fructifier leur domaine va pousser à l’innovation les grands propriétaires.

Les surplus agricoles ainsi dégagés vont permettre un développement démographique jamais connu jusqu’alors. Cette évolution démographique contribue à fournir des facteurs de production en plus grand nombre mais également à stimuler la demande. On peut considérer qu’il s’agit là de deux éléments importants dans le dé­ collage de l’industrie. La réponse apportée par l’industrie à la hausse de la demande agricole n’a pu se faire que grâce à de multiples innovations dans la métallurgie et le textile.

Le passage de l’artisanat à l’industrie ne peut se faire sans que certains individus n’en assurent le financement. Ces acteurs, les « capitalistes » vont faire appel à d’autres agents les « salariés » qui acceptent de vendre leur force de travail dans cette nouvelle organisation de la production. Le capitalisme va ainsi prendre forme au cours du XIXe siècle avec l’apparition des sociétés anonymes (vers 1856 en Angleterre et vers 1867 en France).

De la grande guerre à la grande crise

Après la meurtrière parenthèse de la Première Guerre mondiale, les grandes puissances économiques vont reprendre leur élan dans le cadre du capitalisme libéral hérité de la révolution industrielle. Toutefois, les rapports de force ont changé, les États-Unis ont, en effet, profité de leur participation militaire tardive au conflit. On peut même considérer que le nouveau monde a tiré profit commercialement et surtout financièrement du conflit sur le vieux continent.

Les États-Unis vont surmonter la crise de reconversion de l’après guerre (retour vers une production civile) et connaître une période de prospérité comme jamais ils n’en ont connu jusque-là. L’Amérique devient la puissance économique dominante, les Américains consomment alors la moitié de l’énergie électrique mondiale. Les ressorts de cette expansion sont à chercher dans l’efficacité apportée par le taylorisme.

Les Américains découvrent alors l’ère de la consommation et de la production de masse. Si les biens d’équipement ménagers se diffusent (réfrigérateurs, radiateurs, aspirateurs…), l’événement économique majeur de cette époque reste l’avènement de l’automobile comme produit accessible au plus grand nombre.

Toutefois, la crise de 1929 oblige à revoir l’analyse économique des années 1920 et à considérer comme factice la prospérité observée au cours de cette décennie. La croissance reposerait notamment sur le caractère artificiel de la hausse de la demande stimulée à la fois par la publicité et par le crédit

Les performances de l’industrie américaine semblent justifier la hausse des cours boursiers. Cependant, il est beaucoup plus surprenant de constater que les deux phé­nomènes ne se réalisent pas dans les mêmes proportions. La rationalité économique perd encore un peu plus de sa substance en juin 1929 lorsque les chiffres de la production automobile commencent à chuter, alors que les cours boursiers continuent leur progression à la hausse.

Début octobre, les cours boursiers deviennent très instables. La catastrophe débute le « jeudi noir » du 24 octobre 1929 et se poursuit le « mardi noir » du 29 octobre : 16 millions de titres sont offerts à la vente et les cours chutent à nouveau de plus de 40 points. La chute ne s’arrêtera plus jusqu’en 1933 et la crise va se diffuser à l’ensemble de l’économie américaine.

Il est bien évident que le krach boursier est la suite logique de la folie spéculative. Pour certains auteurs, la spéculation est la conséquence d’une politique monétaire laxiste de la banque centrale américaine favorisant l’endettement des agents à des fins de placements boursiers.

Mais, s’il y a eu crise boursière, celle-ci s’explique aussi par la faiblesse de l’économie réelle. L’analyse des faiblesses de l’économie réelle renvoie à la question de la surproduction ou de la sous-consommation. On peut à ce titre constater que les années 1920 restent marquées par l’émergence de la production de masse et l’idée que la consommation ne parvient à s’ajuster que par un certain nombre d’artifices (développement du crédit notamment).

Les années 1 930 : les années sombres

Aux États-Unis, la crise financière se transforme en crise bancaire. Les banques sont victimes directement de la crise boursière en raison des prêts qu’elles ont accordés. Les banques ne pouvant faire face à cette demande de retrait massif, le système bancaire enregistre en conséquence une multiplication de faillites qui s’enchaînent dans un processus cumulatif de perte de confiance.

Pour les entreprises industrielles, à la raréfaction du crédit liée aux difficultés bancaires vient s’ajouter la contraction des débouchés, deux facteurs qui provoquent l’arrêt brutal des investissements malgré la baisse des taux d’intérêt. Pour écouler leur production, les industriels sont contraints de baisser les prix, faisant ainsi entrer l’économie américaine dans la déflation.

L’impact de ces difficultés sur l’emploi est considérable, le taux de chômage se rapproche des 25 % de la population active en 1933 et les salaires connaissent une baisse significative.

À travers le New Deal, l’administration américaine cherche à relancer l’économie. La mesure la plus emblématique et la plus connue est le programme de la TenesseeValleyAuthority (mai 1933). À travers cette organisation se met en place une politique de grands travaux qui annonce les politiques keynésiennes s’appuyant sur le mécanisme du multiplicateur d’investissement.

La sécurisation des marchés financiers est également une des priorités du gouvernement. À cet effet, la loi sur la « vérité des actions » est votée en 1933 afin qu’une plus grande transparence soit de mise lors de l’émission de nouveaux titres. Historiquement plus importante encore, la décision en 1934 de créer la SEC (Securities and Exchange Commission) qui, depuis lors, est chargée de surveiller les activités boursières.

Le New Deal se traduit enfin un virage plus social dans la politique américaine avec des mesures visant à améliorer les conditions de travail et de vie des salariés.

En France, l’originalité dans les politiques mises en œuvre apparaît plus tardivement avec l’arrivée au pouvoir du Front Populaire en 1936. L’originalité réside ici dans la volonté d’inverser l’ordre des priorités entre le financier, l’économique et le social.

La politique menée qualifiée de politique du « pouvoir d’achat » repose essentiellement sur la mesure phare de réduction du temps de travail. En conséquence, la durée légale du travail hebdomadaire passe de 48 heures à 40 heures, modifiant ainsi considérablement la réforme de 1919 qui avait institué la journée de 8 heures à raison de 6 jours par semaine.

Un monde en quête de cohésion

Aux États-Unis, au cours des années 1930 on assiste à un durcissement des conflits sociaux avec la montée en puissance des syndicats. Les effectifs augmentent dans des proportions très significatives et les conflits deviennent de plus en plus violents.

En France, le mois qui sépare l’élection du Front Populaire de sa prise de fonction est une période marquée par des conflits très importants. En final, toute l’industrie est touchée ainsi que le commerce et les grands magasins. L’ensemble du secteur privé est concerné, soit directement par la grève, soit par des problèmes d’approvisionnement en matières premières et en énergie. Les grèves de 1936 marquent une rupture puisque le mouvement social prend une forme différente de celle des conflits passés avec l’occupation des usines ce que l’on appellera la « grève sur le tas ».

L’absence de cohésion se fait également ressentir à l’échelle internationale en premier lieu sur le plan commercial. Dans ce domaine, on assiste à une montée en puissance du protectionnisme dans le monde. Les premières mesures de protection du marché intérieur sont prises aux États-Unis suivies très rapidement par des réactions du même ordre un peu partout dans le monde.

Sur le plan monétaire, la crise provoque la fin du SMI. L’effondrement de celui-ci est précipité par la dévaluation de la livre en 1931. Une dernière tentative est menée pour rétablir l’étalon de change or lors de la conférence de Londres en 1933.

La politique économique américaine face à la crise de 1 929.

« Je n’ai jamais cru que dans notre système capitaliste les gens doivent être pauvres. Je crois qu’ils sont pauvres parce que nous n’avons pas assez de cervelle pour diviser chaque année notre revenu national et les empêcher d’être pauvres » . Harry Hopkins (conseiller du président Roosevelt).

Le « plus de cervelle » fait penser à l’ambition du New Deal d’une plus grande créativité pour faire face à la crise de 1 929. La première idée importante est de mettre en évidence la naissance de l’interventionnisme. Pour la première fois dans l’histoire économique, l’État intervient massivement pour faire face aux dysfonctionnements du marché. Sur le plan économique, l’investissement public va se substituer à l’investissement privé à travers la politique des grands travaux. Sur le plan social, le chômage apparaît pour la première fois comme un mal social ce qui justifie les premières mesures de protection des salariés et des chômeurs.

Cependant, l’intervention de l’État ne sonne pas pour autant la fin des mécanismes de marché. Beaucoup de décisions relèvent de l’encadrement de ces mécanismes : sécurisation des marchés financiers, normalisation des relations sociales. En final, il y a bien rupture avec la mise en œuvre de politiques conjoncturelles actives mais sur le plan structurel l’économie américaine reste fondamentalement libérale et le marché reprendra d’ailleurs toute sa place après la Seconde Guerre mondiale.

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