La croissance économique correspond à l’augmentation à long terme de la production d’un pays, il s’agit donc d’une tendance (trend). Cette tendance de long tern1e s’accompagne de cycles économiques marqués par des phases d’expansion, de retournement, de récession, de dépression et de reprise.
Un cycle économique est un mouvement périodique de l’activité économique repéré par la variation d’une grandeur économique (prix, production) qui alterne des phases d’expansion, de retournement, de récession, de dépression et de reprise.
L’expansion correspond à une augmentation de la production sur courte période, le retournement correspond à un ralentissement du rythme de hausse de la production, la récession à une baisse de la production, la dépression à une stagnation de la production, la reprise à une hausse nouvelle de la production.
Les différents types de cycles économiques
On peut distinguer des cycles en fonction de leur durée de réalisation.
- Les cycles courts : la conjoncture est rythmée par des cycles économiques constitués d’une alternance de phases d’expansion et de récession dont la durée peut aller de 3 à 1 0 ans (cycles de Juglar et cycles de Kitchin).
- Les cycles longs : l’observation des fluctuations de l’activité économique sur le long terme a permis de mettre en évidence des mouvements réguliers d’expansion longue (dite « phase A » du cyle et de dépression longue (dite « phase B » du cycle) d’une cinquantaine d’année au total (cycles de Kondratieft) ; la crise des années trente correspond par exemple à une phase décroissante du mouvement et les Trente glorieuses à la phase ascendante du mouvement suivant.
L’interprétation des cycles économiques
- L’explication des cycles de Kitchin : ces cycles reposent sur les comportements de stockage et de déstockage des entreprises. Lorsqu’elles sont optimistes (anticipation d’une forte demande), elles produisent trop et les stocks enflent lorsque la demande n’est pas au rendez-vous, conduisant à une moindre production à la période suivante et donc à des déstockages lorsqu’il s’agit de répondre à la demande. Ces cycles s’expliquent donc par la tendance excessive à l’optimisme en période d’expansion, au pessimisme en période de récession.
- L’explication des cycles de Juglar : là encore, les anticipations des entreprises jouent un rôle essentiel, non pas sur les comportements en matière de stockage et de déstockage, mais en matière d’investissement. L’excès d’optimisme en période d’expansion conduit à un surinvestissement pour étendre les capacités de production (forte demande de capital qui s’adresse aux entreprises) et à une chute brutale de l’investissement lorsque le surinvestissement est révélé (un faible taux d’utilisation des capacités de production en résulte).
- L’explication des cycles de Kondratieff : un cycle économique débute avec l’émergence d’une innovation majeure (les progrès du chemin de fer et de la métallurgie) qui se diffuse en grappes d’innovations à l’ensemble de l’économie (l’électronique a par exemple conquis la construction mécanique comme le montre le secteur automobile). La phase A de diffusion de l’innovation s’accompagne d’un processus de destruction créatrice en vertu duquel les nouveaux produits, marchés et processus de production remplacent les anciens. À cette phase de 25 ans succède une phase de durée équivalente marquée par l’épuisement de l’exploitation de l’innovation majeure et l’apparition d’une nouvelle qui marque le début du cycle suivant.
- Des cycles sectoriels peuvent aussi avoir des effets d’entraînement importants sur le reste de l’activité économique : c’est le cas du cycle de l’immobilier qui se caractérise par un emballement des prix qui pousse à de nouvelles constructions faisant croître l’offre de manière démesurée par rapport à la demande, appelant une correction par la baisse des prix, jusqu’à ce que celle-ci atteigne un point bas susceptible d’intéresser à nouveau les investisseurs, etc.
- Des cycles saisonniers trouvent leur origine dans les variations des conditions météorologiques, lesquelles agissent dans l’agriculture ou le tourisme par exemple. Cela permet également de distinguer les causes exogènes des crises (météo peu favorable par exemple pour des pays dont la production est essentiellement agricole) des causes endogènes à l’activité économique, c ‘est-à-dire liées au comportement même des acteurs économiques (le cas des cycles de Juglar et de Kitchin par exemple).
Cycles économiques et cycles politiques
Des auteurs comme James Buchanan et Gordon Tullock, de l’Ecole du public Choice, considèrent que les hommes politiques sont des êtres rationnels comme on le suppose de n’importe quel être humain en théorie économique. En ce sens, ils recherchent toujours la maximisation de leur satisfaction personnelle. Bien entendu, cette satisfaction personnelle passe par la maximisation de la satisfaction des électeurs, puisque les élus souhaitent être reconduits, par le vote, dans leurs fonctions.
Cependant, devant la méconnaissance des dossiers économiques dont font preuve les électeurs, il est tentant pour les élus de pratiquer des politiques économiques de relance de l’activité économique juste avant les élections. En effet, les effets positifs sur l’emploi se font ressentir bien avant les élections, alors que les effets négatifs sur les finances publiques n’apparaissant qu’après. Après l’élection, justement, l’« état de grâce » dont bénéficie l’élu lui permet toujours de prendre des mesures de stabilisation de l’activité pour redresser les finances publiques. Aussi, toujours selon les tenants de cette thèse, on pourrait observer une corrélation entre les cycles économiques et les cycles politiques, corrélation selon laquelle les périodes d’avant élection se caractériseraient par des taux de croissance plus élevés. Les études d’Alberto Alesina ( 1 988) ont toutefois montré que, si effectivement le taux de croissance est plus élevé dans la dernière année du mandat d’un président américain, la différence d’avec le taux de croissance de la première année du mandat est assez faible.
Enfin, on comprend aisément que les cycles économiques soient en grande partie orientés par les actions de politiques économiques, lesquelles ont justement pour vocation d’être « contracycliques ». Les politiques de « stop and go » de l’administration britannique dans les années 1960 illustrent assez bien cela : lorsque l’activité économique est trop forte, et risque de provoquer de l’inflation, le gouvernement pratique une politique de stabilisation qui consiste à freiner l’expansion de la demande par des politiques monétaires et budgétaires restrictives (« stop »). Il en résulte, au bout de quelque temps, un ralentissement de la production qui risque de créer du chômage supplémentaire… que l’on cherche alors à combattre en menant des politiques monétaires et budgétaires expansionnistes (« go »).
Le mécanisme des cycles conjoncturels.
s’agit ici de présenter les enchaînements logiques qui conduisent aux différentes étapes du cycle : expansion, retournement, récession, dépression, reprise.
Schéma d’un cycle conjoncturels
• L’expansion : les entreprises empruntent, investissent, embauchent ; le chômage diminue.
• Le retournement : des hausses de salaires qui risquent de peser sur les profits, une plus grande prudence des banques face aux excès de l’investissement, une hausse des taux d’intérêt, des tensions inflationnistes.
• La récession : ralentissement de la consommation et de l’investissement, faillites d’entreprises et aggravation du chômage.
• La dépression : l’assainissement de la situation des entreprises s’achève, les moins performantes ont disparu ; les salaires stagnent.
• La reprise : l’allégement des charges salariales permet un rétablissement des profits qui autorise de nouveaux investissements. Au total, on constate que les cycles de conjoncture sont en grande partie liés aux évolutions de l’investissement.