Selon Maslow, sa pyramide des besoins permet de comprendre comment un être humain peut évoluer en fonction de sa situation. Le principe de cette pyramide, et c’est là tout l’intérêt de celle-ci, est qu’il n’est pas possible de passer à l’étage supérieur si le besoin précédent n’est pas satisfait. Ainsi, tout commence par les besoin physiologiques (manger, boire, dormir) puis le besoin de sécurité (s’abriter) puis le besoin d’appartenance et d’amour puis celui de l’estime et, enfin, le besoin d’accomplissement de soi. Si l’on remonte à l’histoire de l’humanité, le concept devient limpide. Il est clair que l’homme de Neandertal était plus préoccupé à l’idée de manger que par celle de s’accomplir à titre personnel. Il en va de même dans les pays en développement où avant de se poser la question de s’accomplir, il est plus fondamental de manger, de s’abriter ou de rester en groupe.
Mon idée était donc de transposer cette évolution humaine qui va de la survie à la réalisation de soi à une carrière en entreprise. L’idée est de prendre un pas de recul et d’essayer de comprendre pourquoi nous travaillons et, dans un second temps, de déterminer ce qui fait que l’homme peut prendre plaisir à ce travail.
Voilà donc cette pyramide :
Pyramide de Maslow, étape 1 : salaire / stabilité
Nous pouvons tourner le sujet dans tous les sens mais sans salaire, il est absolument impossible de vivre dans notre société. Certes, il existes certaines expériences essayant de prouver le contraire (ex : le film « Into the Wild ») mais cela reste grandement marginal. La stabilité serait le type de contrat. Clairement, en France, il est plus simple de trouver un logement avec un CDI en poche qu’avec un CDD ou en étant intérimaire. Une fois cette base établie, il est possible de passer à l’étape 2.
ATTENTION, je ne prétends en aucun cas qu’un travail ne peut pas être intéressant s’il n’est pas correctement rémunéré, je dit que sans stabilité ni rémunération suffisante, très vite, l’être humain va se trouver confronté à une réalité économique qui va l’empêcher de passer sereinement à l’étape 2.
Pyramide de Maslow, étape 2 : l’intérêt du métier
Se nourrir, se loger, pouvoir se payer quelques loisirs : c’est bien. Mais comme nous passons généralement plus de temps à notre travail que dans notre vie privée, il est préférable d’avoir un travail intéressant. Sans cet intérêt, impossible de s’impliquer. Il ne s’agit alors « que » de ce que l’on appelle un travail alimentaire. Trouver un sens à son travail est fondamental pour pouvoir passer à l’étape suivante. Passer 8 heures par jour à travailler sur quelque chose sans aucun intérêt fini par nous ronger. Cela m’est arrivé à certaines périodes de ma carrière, j’en parle d’expérience. Définir l’intérêt d’un travail est cependant une chose très relative. Tout métier peut potentiellement être intéressant… tout dépend de qui le fait.
Par exemple, avant d’entrer en école de commerce, j’ai fait un stage ouvrier : bagagiste en 3*8 à la SNCF. L’un de mes collègues, me parlant de son travail que je n’imaginais pas vraiment faire toute ma vie, m’a expliqué qu’il adorait don travail car s’il le faisait mal, il gâchait les vacances des clients. Bien faire son travail l’intéressait car il participait aux vacances de ses clients ! C’est là que j’ai compris que quel que soit son métier, il est fondamental d’y trouver un intérêt. C’est grâce à ce dernier que se lever chaque matin devient plus simple ! Et une fois au travail, trouver de l’intérêt à son travail permet de s’impliquer à 100%, de ne rien faire de façon superficielle. C’est ainsi que cet intérêt peut mener à la reconnaissance.
Pyramide de Maslow, étape 3 : Reconnaissance par le management
Vaste sujet que celui de la reconnaissance professionnelle. Etre intéressé par son travail est bien… être reconnu par son management pour la qualité de celui-ci, c’est mieux ! La reconnaissance permet de nourrir son ego, certes, mais également de réduire drastiquement le niveau de stress que l’on peut avoir si son management doute de nous. Etre reconnu pour ce que l’on fait permet de se sentir libre de faire preuve d’initiative et de créativité. En effet, sortir de sa zone de confort n’est possible que si son propre management valide de façon claire que la mission de base que l’on doit faire est parfaitement maîtrisée.
Mais sortir de sa zone de confort, être créatif, cela suppose que son management admet que l’erreur est une option. Quelqu’un qui me dirait « je suis hyper créatif et je ne me trompe jamais » serait sans aucun doute possible un gros mytho ou un fou. Il en serait de même pour un manager qui dirait « sois créatif mais ne te trompe jamais » !
Pyramide de Maslow, étape 4 : Droit à l’erreur
Le droit à l’erreur accordé aux collaborateurs est le moteur fondamental de la créativité. C’est le fait de ne pas craindre les réprimandes de son management en cas d’échec qui fait que l’on peut tester de nouvelles pistes, de nouvelles idées. Ce droit à l’erreur ne fait pas vraiment partie de la culture française en entreprise, contrairement aux anglo-saxons qui admettent bien volontiers qu’avoir connu des échecs est quelque chose de positif dans la construction d’un CV. L’échec reste tabou en France. Et pourtant, ce droit à l’erreur est fondamental car, au delà de la créativité qu’il libère, c’est en accordant ce droit que le management va pouvoir déléguer une grande partie de ses taches à ses collaborateurs. Déléguer, c’est faire grandir ses équipes tout en assumant, comme pour soi-même, que nul n’est parfait, que tout le monde peut se tromper.
Pyramide de Maslow, étape 5 : Autonomie
Le graal : l’autonomie. Pouvoir sans craindre d’être houspillé, ou corrigé cent fois, faire son travail et, en plus, être reconnu pour celui-ci. Ne pas avoir à rendre des comptes toutes les deux minutes est un bonheur mais celui-ci ne peut être obtenu sans l’ensemble des étapes précédentes… c’est le principe de cette pyramide. Souvent, des managers se plaignent que leurs collaborateurs ne savent pas travailler en autonomie. Ces managers devraient, souvent, au lieu de se plaindre de la qualité de leurs collaborateurs se poser la question de leur propre responsabilité en la matière. De même, un collaborateur se plaignant de ne pas avoir assez d’autonomie devrait reprendre l’ensemble des points de cette pyramide et travailler chaque étage avant de vouloir arriver en haut !
Pyramide de Maslow, Conclusion
Une pyramide comme celle-ci est forcément un résumé que certains jugeront simpliste. Cependant, plus j’y pense, plus je me dis qu’elle permet de décrypter une question que l’on se pose souvent en entreprise : en tant que collaborateur, comment faire pour que mon quotidien soit plaisant et épanouissant. Car au final, ce que l’on doit attendre de son travail, c’est de s’y épanouir; lors de mes conférences, j’ai souvent cette remarque de personnes me disant qu’elles se sentent infantilisées par leur entreprise ou leur management. Reprendre, étape par étape, cette pyramide permet de lutter contre cette crainte et, comme dans notre vie personnelle, de grandir. Finalement, nos attentes, en tant qu’être humain, sont les mêmes dans nos vies privées et nos vies professionnelles : s’épanouir !
Par Gaël Chatelain