La tâche du contrôleur de gestion n’est pas seulement d’analyser et de vérifier la réalisation des actes passés et présents. Son rôle s’étend aussi à l’appréhension et l’évaluation des risques financiers et non financiers futurs. Pour ce faire, le contrôleur de gestion doit se projeter dans l’avenir, en se basant sur sa connaissance du passé économique et commercial de l’entreprise.
En d’autres termes, pour estimer la future situation financière de l’entreprise, le contrôleur de gestion doit s’interroger sur les principales sources de risques financiers (ruptures de trésorerie, pertes de rentabilité commerciale…) et non financiers (technologie des produits dépassés, perte d’un avantage concurrentiel…) et sur leurs conséquences financières directes et indirectes.
Les différentes origines du risque
Parmi les différentes sources de risques, on peut en distinguer cinq essentielles :
- Celles liées au domaine technologique (innovations des concurrents, modernisation nécessaire de l’outil de production, investissements importants en recherche développement, normes techniques exigées par un ou plusieurs clients…) ;
- celles portant sur les aspects commerciaux de l’activité (abandon d’une activité ou d’un produit, arrivée sur le marché d’un nouveau concurrent, abandon de créances, disparition d’un sous-traitant stratégique, augmentation des délais de règlement accordée à un ou plusieurs clients importants…) ;
- Celles qui concernent les domaines de la réglementation (nouvelles règles fiscales, augmentation d’un ou de plusieurs taux de charges sociales, renforcement d’une norme environnementale, modification des normes de sécurité…) ;
- Celles touchant le périmètre de l’organisation générale et particulière de l’entreprise (problèmes de management, mauvaise organisation d’une équipe de travail, changement des procédures de décision et/ou de contrôle…) ;
- Celles liées directement aux domaines financiers (risque d’augmentations tarifaires de la part de certains fournisseurs stratégiques, souscription d’un nouveau prêt, risques d’impayés ou de retards de paiement élevés, perte de rentabilité d’un produit sur un segment de clientèle déterminé, recours au crédit-bail, rachat d’une entreprise…).
L’importance de l’anticipation des risques financiers et non financiers pour les petites entreprises
Contrairement aux grandes et moyennes entreprises, les petites et très petites entreprises (PTPE) ne peuvent se permettre le « luxe » d’attendre que des problèmes (quelles que soient leurs origines) surgissent et se développent, pour agir. Il est donc impératif qu’elles mettent tout en œuvre pour les anticiper le plus tôt et le plus en amont possible.
Pour cela, le contrôleur de gestion doit s’appuyer sur sa parfaite connaissance des problèmes passés et présents, afin de se projeter régulièrement dans le futur pour en percevoir les risques éventuels.
C’est à ce seul prix, que tout contrôleur de gestion pourra jouer un rôle efficace d’anticipateur et de conseiller auprès de la direction de l’entreprise.
À défaut, l’entreprise prend le risque de « courir » derrière les problèmes, sans jamais pouvoir les « rattraper ». Ce qui revient à s’épuiser à remplir un panier percé !
En outre, même « rattrapés », ces derniers peuvent s’avérer impossibles à traiter, faute de temps et de moyens (humains, techniques et financiers) suffisants pour les résoudre.
Son mode d’application dans les petites entreprises
Cependant, la nécessité d’anticiper ne signifie pas pour autant qu’il faille tout prévoir à tout moment !
Ceci, dans la mesure où ce fait peut devenir à terme un facteur d’immobilisme, où l’entreprise perd plus de temps à envisager le pire qu’à construire une véritable stratégie de développement. Car bien que le risque « zéro » n’existe pas, une entreprise peut très bien se préserver de ceux nuisibles, tout en optant pour ceux nécessaires et calculés.
Dans ce cas, toute la démarche du contrôleur de gestion est de réaliser une distinction juste et précise entre :
- les risques néfastes pour la pérennité de l’entreprise ;
- les risques constructifs pour l’avenir de son activité.
Pour cela, le contrôleur de gestion doit s’astreindre au respect d’une méthodologie, afin d’évaluer rapidement et efficacement les conséquences financières (directes et indirectes) de chaque type de risque décelé. Cette dernière peut se résumer par le schéma de la figure suivante.
Ainsi, après une étude attentive de ce schéma, on constate que le rôle du contrôleur de gestion est basé sur une mise à jour régulière et pertinente du système d’alerte et de suivi, à seule fin d’éviter la multiplication d’indicateurs et de tableaux de bord rapidement dépassés.
Il ne sert à rien de poursuivre l’utilisation d’un indicateur d’alerte, si le problème ou le risque qu’il ait censé évaluer a disparu.
De même, si le contrôleur de gestion ne réactualise pas de manière constante son appréhension des risques, il met l’entreprise et ses dirigeants dans l’impossibilité d’anticiper toute nouvelle menace.
Schéma processus d’analyse des conséquences du risque
C’est en ce sens, que cette méthodologie doit être perçue comme un cycle continu et permanent, auquel doit fortement contribuer tout contrôleur de gestion digne de ce nom.
Les principes essentiels à retenir
Pour que le contrôle de gestion soit le meilleur outil d’anticipation des risques financiers et non financiers, il doit impérativement être conçu et utilisé comme un outil d’analyse du passé tourné vers l’avenir.
En ce sens, le rôle du contrôleur de gestion s’assimile au travail d’un « détective » chargé de traquer les véritables origines cachées d’un ou de plusieurs problèmes ou de risques menaçants la pérennité de l’entreprise.