La croissance économique : facteurs, sources et croissance fordiste

La croissance économique se définit comme l’augmentation soutenue, pendant une longue période, de la production d’un pays. Il s’agit d’une notion purement titative (croissance au sens strict), qui se distingue de l’expansion qui, elle, n’est qu’une augmentation conjoncturelle de la production. Les moteurs de la croissance sont les facteurs de production, c’est-à-dire les éléments qui, combinés entre eux, permettent l’obtention d’une production. Les deux principaux facteurs de production sont le travail (les hommes) et le capital (les machines).

La croissance économique

Le progrès technique constitue également un vecteur de croissance. Il se définit, en effet, comme l’ensemble des innovations qui conduisent à augmenter les quantités produites avec des quantités inchangées ou réduites de facteurs travail et capital.

La mesure de la croissance

Les indicateurs de la croissance : la croissance étant appréhendée comme un phé­nomène purement quantitatif, on utilise un indicateur de dimension qui est le produit intérieur brut, et dont on calcule le taux de croissance au cours d’une période déterminée, en volume et en valeur.

Les chiffres de la croissance : la France a connu une période de forte croissance économique, entre 1945 et 1975, qualifiée de « Trente Glorieuses », selon le titre de l’ouvrage de Jean Fourastié. Le taux de croissance annuel moyen était sur la période de 5 % environ. Depuis le premier choc pétrolier, la croissance économique s’est fortement ralentie avec un taux de croissance annuel de 2,5 %. Depuis le début des années soixante-dix nous sommes dans l’ère des « Trentes piteuses » selon l’expression de Nicolas Baverez.

Les facteurs de la croissance

La contribution du facteur travail à la croissance économique : le volume de la production dépend en partie du nombre de personnes disponibles pour travailler et du temps de travail. Ainsi, les évolutions de la population active en volume et de la durée du travail influent sur la croissance économique. En France, la population active stagne, du début du siècle au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, autour de 20 millions de personnes environ. Puis, après la Seconde Guerre mondiale, le rythme de croissance s’accélère quelque peu, le volume passant de 19,4 millions d’actifs en 1 946 à 28,5 millions aujourd’hui. À l’inverse, on observe une tendance à la baisse de la durée du travail : diminution de la durée hebdomadaire, allongements des congés payés, prolongement des études, baisse de l’âge de la retraite.

La contribution du facteur capital à la croissance économique : la croissance de la production dépend également de l’évolution du stock de capital fixe (équipements productifs). Ainsi, si la croissance de la population active a été de 40 % de 1 960 à 2012, celle du stock de capital a été multiplié par 10. Le stock de capital progresse grâce aux investissements successifs réalisés par les agents économiques.

La prise en compte des sources de la croissance

Les progrès techniques et humains : lorsque la croissance économique résulte uniquement de l’augmentation des quantités de facteur travail et capital, on parle de croissance extensive. Toutefois, l’augmentation de la production provient également d’une meilleure formation des hommes (capital humain) et du progrès technique qui accroît la productivité des facteurs (rapport entre le volume produit et la quantité de facteur utilisée) dans les générations nouvelles d’investissement. Dans ce cas, on parle de croissance intensive.

croissance économique

Une mesure de la contribution des facteurs de production à la croissance économique a été proposée par Carré, Dubois et Malinvaud ( 1 972) pour la période 1 95 1 1 969. Cette étude montre que la croissance française sur la période, au taux de croissance annuel moyen de 5 %, ne résulte ni d’une augmentation de la population active (l’emploi dans les branches stagne sur la période), ni d’une variation de la durée du travail (elle baisse et son effet est donc négatif sur la croissance). Seuls le volume de capital, son rajeunissement ainsi que la qualité du travail apparaissent comme des facteurs explicatifs de la croissance sur cette période. En outre, il reste une part (2,5 points de pourcentage) de la croissance qui n’est pas expliquée. Cette part est expliquée par le progrès technique exogène (Solow, 1956).

L’endogénéisation des facteurs de la croissance : à la suite des travaux de Paul Ramer (1986) sur le rôle de la connaissance technologique, de Robert Lucas ( 1 988) sur l’importance de l’accumulation de travail humain et la « compétence collective », et de Robert Barro ( 1996) sur les effets externes des dépenses publiques d’infrastructures, le rôle de l’État est enfin souligné, d’un point de vue théorique, dans les performances des nations en termes de croissance. Ces théories dites de la croissance endogène reposent sur la prise en compte de facteurs qui étaient jusque là considérés comme exogènes à la croissance (investissement en capital humain, investissement en capital public, effet d’expérience, organisation du travail).

La croissance fordiste

Schéma de la croissance fordiste

croissance fordiste

La croissance fordiste caractérise la forte croissance économique qu’ont connu les pays développés après la Seconde Guerre mondiale. Elle est ainsi qualifiée car elle fait référence à Henri Ford qui, dès les années trente, accordaient à ses ouvriers des salaires plus élevés que chez les concurrents (« Five dollars a day »). Ceci était possible grâce aux formidables gains de productivité réalisés par le travail à la chaîne… mais aussi nécessaire pour retenir une main-d’œuvre dont la tâche était pénible. Ce faisant, cette distribution de pouvoir d’achat ne manquait pas de revenir sous forme de demande d’automobiles auprès des usines Ford. Ce sont les économistes de l’école de la régulation (R. Boyer, J. Mistral, M. Aglietta), en France, qui ont ainsi expliqué la croissance d’après-guerre et son essoufflement.

Consommation et croissance économique.

La croissance agit sur le volume de la consommation mais aussi sur sa structure, en raison de l’évolution des goûts des consommateurs qui accompagne la croissance, mais aussi en raison du progrès technique qui provoque, semble-t-il, un ralentissement du cycle de vie des produits. Bien entendu, on peut avancer que la consommation est un moteur essentiel de la croissance économique. Cependant, croissance et consommation peuvent être déconnectées l’une de l’autre à court terme.

1 . Une forte corrélation entre croissance et consommation à long terme

1 . 1 Le rythme de la croissance agit sur le niveau de la consommation

  • lien entre croissance de la production, des revenus et de la consommation (loi de Say, 1 803) ;
  • loi psychologique fondamentale de Keynes (1 936).

1 .2 La consommation constitue un élément moteur de la croissance

  • principe de la demande effective de Keynes ;
  • égalité offre globale = demande globale : Y + M = C + I + G + X : C représente la part la plus importante.

2. Une déconnexion possible entre la croissance et la consommation à court terme

2.1 Les ménages décident de leur niveau de consommation non en fonction de la croissance courante, mais en fonction de la croissance passée

  • analyse de Duesenberry et Brown sur l’effet de cliquet à la consommation.

2.2 Les ménages décident de leur consommation non en fonction de la croissance courante mais en fonction de la croissance future

  • idée du revenu permanent de Friedman (1 957) ;
  • hypothèse du cycle de vie de Ando et Modigliani (1 954) et Modigliani et Brumberg (1 963) ;
  • anticipations rationnelles des ménages.

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