L’un des objectifs des Pouvoirs Publics est de mettre en place les conditions favorisant le développement harmonieux de l’économie, en particulier en assurant le respect des grands équilibres macro-économiques. Pour mettre en place une telle politique économique, il est nécessaire qu’ils disposent d’informations sur l’activité économique.
La mise en place de conditions propices passe par la recherche d’une croissance soutenue dont il importe de connaître le mécanisme et les facteurs.
La croissance économique entendue comme l’évolution du produit intérieur brut (PIB) fournit des emplois supplémentaires et permet à l’Etat de mener des actions de redistributions, de financer les infrastructures nécessaires et d’augmenter les dépenses d’éducation et de santé et en conséquence réduire la pauvreté.
De la croissance au développement :
L’amélioration de la qualité de vie de la population d’un pays donné dépend essentiellement de son aptitude à générer une croissance économique substantielle. Une croissance forte et soutenue est une condition sine qua none à tout développement.
Ce paragraphe présente les notions de croissance économique, d’expansion, de développement et de progrès et s’attache dans un troisième point à mesurer la croissance économique et le développement.
Notions d’expansion et de croissance économique :
L’expansion représente l’augmentation de la production à court terme. C’est un phénomène conjoncturel, dont le retournement peut aboutir à la récession.
La croissance économique peut se définir comme un accroissement durant une longue période d’un indicateur de la performance économique. Elle est mesurée quantitativement par l’augmentation du produit intérieur brut (PIB) (ou parfois le PNB), ou une composante de celui-ci : la production industrielle. Cependant, cette mesure ne reflète qu’imparfaitement les disparités des niveaux de richesses effectifs entre les pays.
La croissance économique est recherchée par tous les pays dans la mesure où elle devrait permettre de restaurer l’équilibre macro-économique, de diminuer le chômage, de réduire la pauvreté et accroître le bien-être des populations.
La croissance est dite extensive lorsqu’elle résulte d’une augmentation quantitative des facteurs de productions intégrés au sein du processus productif. Ce type de croissance économique a prédominé durant des siècles. Les quantités de facteurs de production (travail, terres exploitées) utilisées augmentaient en fonction des besoins alimentaires des populations. Cette croissance extensive n’a toutefois pas entraîné une amélioration significative du niveau de vie des populations.
La croissance est dite intensive lorsqu’elle résulte de l’existence de gains de productivité. La quantité des facteurs de production est mieux utilisée dans le processus de production est ainsi mieux employée et mieux gérée. L’organisation du travail est également améliorée et la main d’oeuvre plus qualifiée… Par conséquent, la production augmente plus rapidement que le volume des facteurs de production utilisés. Ce type de croissance a conduit à une réelle augmentation du PIB par habitant au cours du 20e siècle.
La croissance équilibrée et déséquilibrée ; on dit que la croissance économique est équilibrée quand les grands équilibres (emploi, échanges extérieurs, prix et finances publiques) sont réalisés. Cependant cette approche de l’équilibre est nuancée selon les courants de pensée. Les keynésiens ne conçoivent l’existence d’une croissance équilibrée que comme une situation éventuelle de croissance.
Les néo-classiques considèrent quant à eux que l’existence d’un déséquilibre est liée à l’intervention dans l’économie d’agents perturbateurs (Etat, grandes entreprises, syndicats).
Notions de développement et de progrès :
Le développement désigne l’ensemble des transformations dans les structures institutionnelles, les changements de mentalités et dans l’organisation d’ensemble de l’activité économique. Il est donc la transformation des structures démographiques, économiques et sociales, qui, généralement accompagnent la croissance économique. On insiste ici sur l’aspect structurel(industrialisation, urbanisation, institutionnalisation, etc.) et qualitatif (transformation des mentalités, des comportements, etc.) de l’évolution à long terme.
Selon François PERROUX « Le développement peut être entendu comme l’ensemble des changements observables dans le système économique et dans le type d’organisation qui conditionnent la croissance. »
Contrairement à la croissance économique qui représente une augmentation quantitative de l’activité économique, le développement traduit les changements qui se produisent au sein de la société, et qui accompagnent les transformations économiques.
Le progrès peut s’analyser sous trois aspects :
- Le progrès technique correspond aux inventions dont l’application permet l’évolution économique ;
- Le progrès social traduit une répartition plus égalitaire des fruits de la croissance ;
- Le progrès économique consiste à produire plus à un moindre coût. Il peut être appréhendé comme une évolution ou une amélioration du bien-être à la fois sur le plan individuel et sur le plan collectif. Il sous-entend l’existence d’un processus à long terme qui engendre une augmentation du revenu par habitant, une amélioration de l’état sanitaire
de la population.
Normalement, croissance et développement économiques doivent conduite au progrès économique.
La mesure de la croissance et du développement :
La croissance économique est mesurée par l’évolution du produit intérieur brut (PIB) exprimée sous la forme d’un taux de croissance (t).
t = PIBn – PIBn-1/PIBn-1 × 100
Ce taux est un instrument d’analyse économique qui permet d’analyser l’évolution d’une même économie dans le temps (comparaison de deux périodes successives) et d’effectuer des comparaisons internationales (comparaison de deux économies différentes).
Le développement est une notion qualitative et sa mesure demeure complexe. Elle résulte généralement d’une comparaison entre pays développé et pays en développement. Ainsi, il est possible de présenter le développement en faisant appel à des comparaisons économiques (industrialisation, répartition de la population active), sociales (répartition des revenus, protection sociale) et sociologiques (éducation, formation, santé). Depuis quelques années, les organisations internationales ont affiné leur mesure en mettant en place un indicateur de développement humain (IDH) qui prend en considération l’espérance de vie, le taux d’alphabétisation et le niveau de vie par habitant.
Les facteurs de la croissance :
Les miracles économiques de l’après guerre mondiale ont stimulé les recherches sur de la croissance économique. Elles ont porté d’abord sur les facteurs de la croissance (facteurs travail, capital et progrès technique) avant de s’élargir à des causes plus générales qui mettent en jeu des interactions difficilement évaluables.
Le facteur travail :
Il correspond aux moyens humains mis en oeuvre dans la production. Le travail doit être adapté à la demande en quantité et en qualité. On peut donc analyser de manière quantitative ou de manière qualitative.
Le travail humain constitue le premier facteur de la croissance économique. Cependant la qualité du travail importe aujourd’hui beaucoup plus que sa quantité. Cela peut s’expliquer parce que la formation entraîne une amélioration de la productivité personnelle, source d’initiatives et d’innovations. Cela peut aussi s’expliquer par le fait que des machines complexes ne peuvent être contrôlées que par des personnes qualifiées.
Les conditions nécessaires de l’investissement en capital humain Le capital humain est l’ensemble des capacités productives. Il s’acquiert, s’accumule et se déprécie. Il est constitué par la socialisation familiale, l’éducation et la formation. Il inclut aussi le capital santé des individus. L’investissement en capital humain ne peut être efficace qu’à partir du moment où certaines conditions économiques et sociales sont réalisées :
– La quantité de travail qu’un individu peut fournir est liée à sa ration calorifique de base. La quantité de l’alimentation dans les cinq premières années de la vie, l’apport en protéines en particulier, influence la capacité intellectuelle ultérieure. C’est donc une condition nécessaire de l’efficacité de l’investissement éducatif et un objectif pour les pays en développement.
– L’augmentation de l’espérance de vie est une condition nécessaire pour que les investissements éducatifs puissent être rentabilisés. L’amélioration de l’état sanitaire de la population est une condition nécessaire de l’investissement éducatif.
– Le taux d’alphabétisation ou de scolarisation est lié à l’âge au mariage des femmes lui même lié aux modèles anthropologiques fixant le statut des femmes dans la société.
L’investissement en capital humain d’un individu sera d’autant plus rentable que le niveau moyen de capital humain de la société à laquelle il appartient est élevé. Il existe donc un véritable effet de seuil qui peut constituer un blocage du processus de croissance et qui explique l’émigration de la population qualifiée des pays en développement.
Le facteur capital :
Comme le facteur travail, le facteur capital peut croître en quantité et en qualité. En ce qui concerne la quantité, il s’agit de la multiplication des machines qui facilitent le travail de l’homme ou s’y substituent. Conçue pour épargner la peine de l’homme, la machine est accusée d’engendre le chômage. L’amélioration de la qualité du capital est le résultat du progrès technique appliqué aux processus de production. Elle signifie qu’un capital installé plus récemment a une efficacité productive plus grande qu’un capital de même valeur installé antérieurement.
Le capital :
L’importance du capital mais aussi son accumulation dans le processus de la croissance sont incontestés. Il se décompose en capital-argent et en capital technique :
Le capital argent correspond aux moyens financiers permettant d’acquérir les moyens de production et le capital technique correspond à l’ensemble des moyens de production (bâtiments, équipements, matériel…). On distingue :
Le capital technique fixe est la partie du capital dont la durée de vie s’étend sur plusieurs cycles de production (machines, bâtiments, …) et le capital technique circulant c’est-à-dire la partie du capital qui disparaît dans un seul cycle de production (matières premières…).
L’investissement :
C’est une immobilisation de fonds dont l’entreprise espère à terme une rentabilité par des revenus futurs d’un montant supérieur au montant de l’investissement.
Au cours de la vie de l’entreprise, différents types d’investissements se différencient par leur objectif :
– Investissement de capacité qui a pour but d’accroître la capacité de production de l’entreprise.
– Investissement de compétitivité ou de production qui permet à l’entreprise de devenir être plus efficace, produire moins cher, de meilleure qualité, dans les meilleures conditions…
– Investissement de renouvellement qui consiste à remplacer un bien de production ancien.
Mais dans notre présente approche, il s’agit d’appréhender l’investissement comme une variable macroéconomique. Ceci nous permet de calculer le taux d’investissement d’une économie donnée et de lier à la croissance économique. On peut mesurer le taux d’investissement d’une économie par le ratio :
Taux d’investissement = Investissement réalisés/PIB × 100
Historiquement, on constate qu’à une hausse du taux d’investissement correspond à une hausse du taux de croissance économique et de même à un ralentissement du taux de croissance correspond une diminution du taux d’investissement.
La productivité :
Les déterminants de la productivité sont essentiellement au nombre de trois :
– Le capital physique : plus les structures et les équipements de production sont développés, plus les travailleurs produisent ;
– Le capital humain : plus les travailleurs sont formés, plus ils produisent ;
– La compétence technologique : plus les technologies auxquelles les travailleurs ont accès sont développées, plus ils produisent.
La productivité au sens large du terme désigne le rapport entre le niveau de production obtenu et les moyens mis en oeuvre pour son obtention. Plus précisément, la productivité se définit comme le rapport entre la production obtenue et les facteurs utilisés :
Productivité =Production/Facteurs utilisés
On distingue la productivité du travail et la productivité du capital.
Productivité du travail =Production /Effectifs engagés dans la production
Productivité horaire du travail = Production /Nombre d’heures de travail
Productivité du travail = Production /Capital utililsé
Lorsque la productivité s’améliore, l’entreprise dégage des gains de productivité. Ceux-ci peuvent apparaître globalement dans deux cas de figure :
– Lorsque l’entreprise accroît sa production avec l’utilisation de la même quantité de facteurs.
– Lorsque l’entreprise économise des facteurs pour réaliser une même production.
On parle d’économie d’échelle lorsque la productivité augmente grâce l’augmentation du volume de production, quand la production augmente, les coûts unitaires baissent car les coûts fixes inhérents à la production (machines, bâtiments frais généraux) sont répartis sur un plus grand nombre d’unités.
Au niveau de l’entreprise, les gains de productivité sont indispensables pour affronter la concurrence soit au niveau des prix de ses produits, soit au niveau de l’innovation de produit. En effet, les gains de productivité sont aussi à l’origine d’une capacité de financement des investissements.
Au niveau de l’économie nationale, l’existence de gains de productivité peut montrer que les entreprises préfèrent l’investissement productif à l’investissement financier.
Le siècle dernier a connu une croissance intensive qui ne doit rien à l’augmentation du travail, mais à l’accroissement de l’efficacité du travail.
Dans un univers de plus en plus concurrentiel, le progrès technique a permis de renforcer l’importance du capital au détriment du travail dans de nombreuses entreprises dans les pays développés. En effet, le coût du facteur travail est souvent jugé comme excessif.
On parle de substitution du travail par le capital (l’homme est remplacé par la machine). Cette évolution a connu plusieurs phases :
– La mécanisation (le machinisme) ;
– L’automatisation (chaîne de production) ;
– La robotisation (automates capables de réactions aux modifications de l’environnement).
Les composantes du travail évoluent aussi, car le niveau de qualification doit être supérieur pour utiliser des machines de plus en plus complexes. Les travaux physiques et répétitifs disparaissent au profit de fonctions de commande et de maintenance du matériel.
La substitution du travail par le capital a aussi des conséquences sociales. Elle est souvent, dans un premier temps, accusée de créer du chômage. Dans un second temps, on espère qu’une plus grande efficacité de la production bénéficiera au facteur travail.
Les sources de la productivité sont diverses mais l’innovation de produit et de procédé de production, la qualification de la main-d’oeuvre, l’organisation du travail y contribuent.
Le progrès technique :
On peut analyser le progrès technique comme le résultat d’un investissement qui conduit à la mise au point d’un nouveau procédé de production ou d’un nouveau produit lié à une invention. Le progrès technique peut apparaître comme une source du progrès économique car il contribue à améliorer les conditions de vie des individus, à diminuer la pénibilité du travail, à mieux satisfaire les besoins individuels et collectifs.
L’innovation est l’application d’une invention soit au niveau industriel, soit au niveau commercial. Mais, l’innovation peut ne pas présenter un caractère purement technique, tel est le cas des nouveaux moyens de ventes comme le télé-achat, la vente par correspondance …
Les origines du progrès technique : le progrès technique naît de la combinaison de trois domaines de recherches (fondamentale, appliquée et recherche-développement) et de la mise en application des résultats obtenus par un entrepreneur.
La recherche fondamentale : correspond à un approfondissement des connaissances du monde scientifique. Un but spécifique n’est pas assigné à cette recherche même si des domaines restent privilégiés par l’octroi de subventions publiques ou d’intérêt affichés par des fondations privées ;
La recherche appliquée est plus directement liée à des impératifs de marché : création de nouveaux produits, développement de brevets d’inevntion…
La recherche-développement est abordée comme un investissement immatériel des entreprises.
Elle a pour but d’aboutir à la commercialisation d’une nouveauté soit au niveau des processus de production, soit au niveau des produits.
Les autres facteurs explicatifs de la croissance :
Le rôle de l’Etat, la conjoncture et les éléments socioculturels ne sont pas quantifiables et ne servent qu’à affiner les raisonnements explicatifs relatifs au phénomène de la croissance. On constate également que le déficit d’engagement économique des Etats et les réticences psychologiques à une organisation sociale intensive de la production ne concernent pratiquement que les pays en développement.
Ce revirement fait du nord du Nicaragua un cas rare en Amerique latine rurale. Une etude de cas menee dans la region montre qu’a peine 12 % de ses 10 000 districts ruraux connaissent a la fois une croissance economique et une reduction de la pauvrete et des inegalites. Un reseau de chercheurs originaires de partout en Amerique latine a entrepris de cerner les facteurs responsables du developpement equitable de ces districts. On a releve six facteurs, soit Ces elements constituent des facteurs cles qui permettent la croissance d’un territoire rural tout en favorisant l’inclusion sociale et la perennite de l’environnement, affirme Julio Berdegue, chercheur principal au Centre latino-americain pour le developpement rural ( Rimisp ). Le Rimisp, partenaire de longue date du CRDI, a realise cette etude dans le cadre de son programme Dynamique de l’occupation du territoire en milieu rural.