La pensée économique contemporaine

Les analyses économiques contemporaines peuvent être classées en deux grandes caté­gories : celles qui reprennent le champ d’analyse d’un grand courant et celles qui s’en distinguent. Les premières sont qualifiées d’« orthodoxes » et les autres d’« hétérodoxes ». Les idées classiques et néo-classiques, marxistes et keynésiennes ont continué d’inspirer les économistes bien après la mort de leurs fondateurs. Les concepts sont alors élargis, adaptés à la période contemporaine ou renouvelés, mais la base théorique, les principes fondamentaux demeurent.Les hétérodoxes tentent de construire des modèles théoriques totalement nouveaux, souvent en liaison avec d’autres disciplines : histoire, sociologie. . . La pensée économique est constituée de courants dont l’influence évolue.

Pensée économique contemporaine

L’expansion keynésienne

Après la Seconde Guerre mondiale, de nombreux économistes propagent et vulgarisent la pensée macro-économique keynésienne. Par exemple, le modèle IS-LM de Hicks et Hansen est une formalisation du système keynésienne comportant une situation d’équilibre monétaire et réel.

Les analyses keynésiennes de la croissance, à la suite du modèle d’Harrod et Domar, montrent que la croissance ne peut être équilibrée qu’à certaines conditions d’investissement, de consommation et de répartition. D’autres auteurs ont donné une interprétation keynésienne des cycles économiques.

Les relations économiques internationales sont intégrées dans l’analyse keynésienne en considérant les exportations comme des moyens de compenser la faiblesse de la demande intérieure.

L’influence keynésienne sur les politiques économiques est très grande. L’analyse keynésienne inspire des politiques axées sur le soutien à la demande par des moyens monétaires et budgétaires. Les post-keynésiens montrent l’influence positive du budget de l’État sur l’activité économique. En outre, les systèmes de comptabilité nationale sont souvent élaborés sur une base keynésienne.

Le renouveau néoclassique

L’intégration des idées keynésiennes dans une optique néoclassique est l’objectif de la théorie du déséquilibre, qui interprètent les déséquilibres entre l’offre et la demande comme un ajustement par les quantités lorsque l’ajustement par les prix est impossible.

Le monétarisme est une contestation plus radicale de Keynes. Hayeck et Friedman s’opposent aux hypothèses retenues par Keynes, notamment en ce qui concerne les anticipations des agents économiques. Ils montrent les effets négatifs des politiques monétaires d’inspiration keynésienne et préconisent un strict contrôle de la masse monétaire, condition de l’équilibre économique.

Les théories de l’offre et l’école des choix publics (public choice) s’attaquent à l’intervention de l’État, aux dépenses publiques. Laffer montre que « trop d’impôt tue l’impôt ». Tullock et Buchanan font le lien entre le choix publics et les processus électoraux.

Les modèles de croissance d’inspiration néoclassique, comme celui de Solow par exemple, partent de l’optimum concurrentiel néo-classique. Ils tracent le chemin d’une croissance équilibrée à long terme.

La nouvelle micro-économie abandonne les hypothèses les moins réalistes du modèle de concurrence néo-classique. Dans la théorie des contrats, les agents ne disposent pas du même niveau d’information. La théorie des jeux inclut les possibilités d’influence des comportements des agents par les décisions des autres.

Les analyses d’inspiration marxiste

L’analyse marxistes des crises capitalistes met l’accent sur la sous-consommation des ménages et sur la sur-accumulation du capital. La mercatique, les exportations, les dépenses publiques ne sont alors que des soutiens permanents à la demande.

Le capitalisme monopoliste d’État interprète l’existence du secteur public comme un moyen de lutter contre la baisse du taux de profit. L’État prend en charge les secteurs les moins rentables et laisse au secteur privé les activités les plus lucratives.

La théorie de l’échange inégal dénonce l’ impérialisme des pays développés dans leurs échanges avec le tiers-monde et préconise un développement accentué.

La théorie de la régulation explique la crise actuelle par la crise du mode de régulation fordiste basée sur la production de masse et la consommation de masse et rendue possible par de forts gains de productivité.

Hétérodoxes et nouvelles voies de recherche en économie

Shumpeter considère l’innovation comme la seule justification du profit. Selon lui, le progrès technique est à l’origine d’un processus de « destruction créatrice ». Pour Shumpeter, l’entrepreneur est l’agent propagateur des innovations économiques, qui stimulent la croissance et favorisent la mise en place de nouvelles structures. À l’inverse, lorsqu’une technologie arrive à maturité, la croissance se ralentit. L’innovation fournit donc aussi une explication des cycles longs.

L’institutionnalisme incorpore les raisonnements économiques dans un ensemble complexe « d’institutions », c’est-à-dire de règles, d’habitudes, de comportements, de conventions qui déterminent les actes des individus, des groupes sociaux, des entreprises. Galbraith montre que les entreprises capitalises peuvent imposer leur loi au consommateur (théorie de la filière inversée). Pour la théorie des conventions et l’économie des organisations, les entreprises et les ménages sont réunis par un ensemble de règles, de conventions, qui organisent leur fonctionnement économique.

Les nouvelles théories de la croissance mettent l’accent sur le rôle de l’innovation. Le progrès technique est une variable expliquée, qui renvoie à des comportements et à des variables économiques. La politique économique peut donc influencer la croissance à long terme, ce qui réhabilite le rôle de l’État. La macroéconomie financière met en avant la globalisation financière, qui accroît les interdépendances entre les pays et amplifie les fluctuations réelles de la croissance.

La théorie des jeux et l’analyse économique

La théorie des jeux s’inscrit dans le cadre de la décision en univers incertain. Elle- prend en compte les situations dans lesquelles il y a interaction entre les choix des acteurs. L’objectif de cette théorie est alors de déterminer le comportement des agents rationnels ayant à prendre une décision sans connaître celle des autres participants.

Le champ d’application de la théorie des jeux va de la décision d’entreprise en situation de concurrence imparfaite aux comportements sur les marchés financiers en passant par les négociations avec les syndicats.

La théorie des jeux a permis de mettre en évidence des phénomènes particuliers. Ainsi, le « dilemme du prisonnier » montre que rationalité individuelle et rationalité collective ne correspondent pas forcément.

La pensée économique contemporaine

Ce dilemme met en scène deux prisonniers arrêtés et écroués dans des cellules séparées et connaissant la règle du jeu (tableau). Chacun a intérêt à dénoncer, quelle que soit la décision de l’autre prisonnier. La sanction sera donc alors de 2 ans de prison alors que la rationalité collective aurait conduit les deux prisonniers à se taire ( 1 an de prison).

La théorie des jeux a mis en évidence le rôle des « croyances », c ‘est-à-dire des présupposés et des anticipations, dans la prise de décision des agents. Certaines croyances sont « auto-réalisatrices », c’est-à-dire qu’elles sont validées à condition d’être partagées, quelle que soit leur rationalité propre. Ce phénomènes a permis d’analyser certains aspects du fonctionnement des marchés financier.

Peut-on établir un lien entre la pensée économique contemporaine et les décisions politiques?

La pensée économique contemporaine s’exprime sous forme de théories, de recherches, de concepts. Ses champs d’analyse et ses méthodes sont multiples, plus ou moins inspiré de la situation réelle. La décision politique cherche à infléchir la situation économique réelle. Ces deux domaines sont donc plus naturellement liés. Les décisions politiques peuvent s’appuyer sur une réflexion économique, constituer un objet de recherche en économie.

• Les décisions politiques peuvent s’inspirer des théories économiques. En effet, les dirigeants économiques prennent la plupart de leurs décisions en référence à des courants théoriques. Ainsi, la théorie keynésienne a conduit aux politiques de relance, le monétarisme à la rigueur monétaire. Le renouveau néoclassique a inspiré de nombreuses politiques libérales au cours de la décennie quatre-vingt. Plus particulièrement, le reaganisme s’appuyait sur la réflexion des économistes de l’offre. Aujourd’hui, les théories de la croissance endogène réhabilitent le rôle de l’État dans l’économie.

• Néanmoins, il ne faut pas exagérer le rôle de la pensée dans la conduite des politiques économiques. Les gouvernements doivent prendre en compte les diverses contraintes liées à une situation réelle et non théorique. Ainsi, la réhabilitation du rôle de l’État n’annule-t-elle pas l’urgence des déficits publics. L’opinion publique, les diverses pressions auxquels sont soumis les gouvernants, l’urgence et l’imprévu de certaines situations réduisent le rôle de théories dans la conduite des politiques économiques.

• En outre, la décision politique est un des champs de réflexion de la pensée économique. L’école des choix publics analyse le type de rationalité en œuvre dans la prise de décision politique : recherche de l’intérêt général ou optimisation d’une trajectoire personnelle? La théorie des jeux étudie les diverses stratégies possibles pour un gouvernement dans le cadre des négociations.

1 réflexion au sujet de « La pensée économique contemporaine »

  1. Merci, pour le partage des connaissances importantes en matière, de pensées économiques qui ont influencé le monde economique du passé et celui d’aujourd’hui.

    J’aimerais savoir, quelles économies dominantes aujourd’hui qui génèrent des idées dominantes.( Allusion faite à la chine et l’amérique).

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