Les politiques économiques et sociales

La politique économique et sociale est l’ensemble des actions mises en oeuvre par les pouvoirs publics à atteindre des objectifs relatifs à la situation économique et sociale d’un pays. Lorsque les mécanismes de marché ont pour conséquences des déséquilibres économiques et sociaux, l’Etat peut intervenir par une action de régulation à travers une politique économique et sociale visant des objectifs économiques et sociaux :

Les objectifs économiques sont la croissance économique, le plein emploi, la stabilité des prix et l’équilibre des échanges extérieurs. Ces quatre principaux objectifs permettent de tracer le carré magique. Ce dernier permet une lecture immédiate de l’évolution des quatre principaux indicateurs de l’économie. Plus la surface est large, meilleure est la santé de l’économie.

Les objectifs sociaux sont le maintien ou l’accroissement du niveau de vie des ménages et la réduction des inégalités.

Les instruments de la politique économique et sociale :

Les pouvoirs publics disposent d’une multitude d’instruments pour améliorer les performances de l’économie nationale et atteindre les objectifs prédéterminés. L’efficacité de la politique économique repose sur la complémentarité des moyens utilisés dont les principaux sont les suivants :

  • La politique monétaire est l’action menée par l’Etat et les établissements de crédits pour modifier la masse monétaire en circulation en intervenant sur les taux d’intérêt, le crédit et le change ;
  • La politique budgétaire est l’action sur la vie économique par le budget de l’Etat (choix du volume des dépenses publiques, du déficit budgétaire, structure des dépenses par fonction…). Par le biais des subventions, du traitement des fonctionnaires, des achats de biens et services, l’Etat est en mesure de peser sur la conjoncture économique et sociale ;
  • La politique fiscale est l’action sur le niveau de pression fiscale, sur la répartition entre les différents types de fiscalités. En diminuant la fiscalité des agents économiques, l’Etat peut stimuler la consommation et donc la production.
  • La politique des revenus définit les règles concernant la répartition et la redistribution du revenu ;
  • La politique industrielle est l’action menée par les pouvoirs publics en vue d’orienter, de coordonner et de favoriser le développement industriel (production des entreprises publiques, aides et subventions aux entreprises privées…) ;
  • La politique sociale est l’intervention sur la répartition, les transferts sociaux, le droit du travail, la durée du travail… pour corriger les inégalités sociales et garantir le niveau de vie des ménages.

Les politiques de l’emploi et de lutte contre le chômage :

Les politiques de l’emploi représentent l’ensemble des mesures prises par l’Etat pour agir sur le fonctionnement du marché du travail afin de réduire le taux de chômage. Elles ont des effets qui demeurent limités pour résoudre le problème du chômage. On distingue deux types de politiques de l’emploi :

  • Les politiques actives de l’emploi ou de lutte contre le chômage ont une logique d’action destinée à favoriser la demande de travail (l’emploi).
  • Les politiques passives de l’emploi ou de lutte contre le chômage ont une logique d’ordre social notamment l’indemnisation du chômage.

1 – Les politiques actives :

Les politiques actives de l’emploi peuvent s’appliquer sur l’activité économique ou sur l’emploi. Elles ont pour objectif de favoriser la création d’emplois et d’assurer un meilleur fonctionnement du marché du travail.

Leur action porte sur la création d’emplois et les ajustements sur le marché du travail :

  • La création d’emploi peut être favorisée par la diminution du coût du travail, en particulier les exonérations fiscales, la diminution des charges salariales…
  • L’amélioration de l’ajustement entre l’offre et la demande de travail peut se faire en privilégiant la mobilité des actifs par des actions de formation et de qualification. Ces mesures ciblées peuvent bénéficier surtout aux jeunes et aux chômeurs de longue durée.

2 – Les politiques passives :

Les politiques passives de lutte contre le chômage sont constituées de l’indemnisation du chômage. Elles se sont développées d’abord dans une logique d’assurance (transfert de risque entre les actifs), qui explique la pratique de cotisations. Leur but est l’accompagnement social du chômage, donc elles ne visent pas à résoudre le fond du problème.

Leur action porte sur l’indemnisation du chômage et sur l’offre de travail :

  • L’indemnisation du chômage contribue à diminuer l’impact de la perte du niveau de revenu du chômeur et éviter une accélération de la récession économique. En effet, le fort taux de chômage entraînerait sinon, une très forte baisse de la demande donc de la production et la crise économique n’en serait qu’accentuée. Cette politique d’indemnisation a pour objectif la réduction des difficultés de la situation de chômage, mais, elle n’a pas pour effet de combattre le chômage.
  • L’offre de travail émane de la population active. La politique de l’emploi peut favoriser la réduction de l’offre de travail par l’encouragement des femmes à rester chez elles, le développement des préretraites, l’encouragement du retour des travailleurs étrangers dans leur pays d’origine,…

Leurs effets sont peu probants et onéreux. Si l’indemnisation du chômage joue un rôle économique et social, l’action sur l’offre de travail est plus contestable.
Si les dépenses actives visent à exercer directement un effet positif sur le niveau de l’emploi, les dépenses passives sont des indemnisations versées aux chômeurs, dans une logique d’assurance ou d’assistance.

3 – Les politiques globales de sortie de crise pour lutter contre le chômage :

L’idée de base réside dans le fait que l’ampleur du chômage s’explique par l’existence d’une crise économique. La solution passe par un assainissement de la situation économique. Deux types de politiques peuvent être envisagées : une politique de relance économique ou une politique restrictive.
Une politique de relance de type keynésienne se heurte à trois obstacles : le taux d’inflation ; la contrainte extérieure et l’équilibre des fiances publiques.

Une politique restrictive de type libérale ne parvient pas non plus à résoudre la crise économique. La politique désinflationniste mise en place n’a pas permis le retour à une meilleure situation de l’emploi.

Les mesures nationales de promotion de l’emploi :

Pour lutter contre le chômage, l’action des pouvoir publics vise la création d’un environnement favorable à la croissance économique et aux investissements privés générateurs d’emplois. La promotion de ces investissements est articulée de trois points essentiels :

  •  L’amélioration du cadre juridique et institutionnel des investissement ;
  • La mise en place de mesures fiscales incitatives ;
  •  L’amélioration des conditions de financement des investissements et la mise à niveau des entreprises.

Malgré ces réformes, le taux de chômage reste élevé, particulièrement en milieu urbain. Et il résulte non seulement d’une croissance insuffisante, mais également d’une inadéquation entre la formation et les besoins du marché du travail, ainsi que du dysfonctionnement du marché. C’est pour cette raison que diverses mesures directes de promotion de l’emploi ont été mises en place par les pouvoirs publics. Il s’agit essentiellement de la formation des ressources humaines, de l’encouragement à l’auto emploi et de la régulation du marché du travail.

1 – La formation des ressources humaines :

L’amélioration de la formation des ressources humaines s’impose dans la mesure où le faible niveau de formation des travailleurs constitue un frein au développement, à la compétitivité et donc à la croissance et à l’emploi. Des mesures de valorisation des ressources humaines ont été mises en place :

  • Le programme formation – insertion : L’objectif est de favoriser la réinsertion professionnelle des demandeurs d’emploi connaissant des difficultés d’accès à l’emploi, par une prise en compte individualisée de leurs besoins de formation, avec pour objectif l’emploi. L’accès à des stages collectifs constitue la réponse principale aux besoins de formation. Toutefois, des accès individuels peuvent s’avérer nécessaires, en fonction des caractéristiques des demandeurs d’emploi et du marché du travail.
  •  Le programme d’adaptation à l’emploi en alternance : L’objectif de ce programme de formation est de faciliter l’embauche des jeunes diplômés universitaires en leur permettant d’adapter leur qualification pour qu’ils puissent occuper rapidement un emploi en entreprise.
  • Le programme de formation par apprentissage : L’objectif est de donner à des jeunes ayant satisfait à l’obligation scolaire une formation générale, théorique et pratique en vue de l’obtention d’une qualification professionnelle sanctionnée par : -Un diplôme de l’enseignement professionnel ou technologique du second degré ;-Un diplôme de l’enseignement supérieur.

2 – Les mesures d’encouragement à l’auto-emploi :

Au cours de l’année 2005, une politique du gouvernement a été mise en place et ce, à travers les principaux axes suivants :

  • L’appui à la création d’entreprise qui repose sur un soutien public fort pour la création des très petites entreprises (TPE) par les jeunes porteurs de projets. Il vise l’insertion économique des jeunes diplômés de l’enseignement supérieur. Cet appui prend la forme d’une assistance technique et d’une facilité d’accès au financement bancaire ;
  • L’amélioration de l’adéquation entre formation et emploi qui met l’accent sur l’adaptation de la formation aux besoins du marché de l’emploi en général et des entreprises en particulier, afin d’améliorer l’employabilité des diplômés en quête d’emploi ;
  • La promotion de l’emploi salarié qui vise principalement à faciliter aux jeunes diplômés, et notamment ceux affectés par le chômage de longue durée, l’accès au premier emploi salarié ;

3 – La régulation du marché du travail :

L’Agence Nationale de Promotion de l’Emploi et des Compétences (ANAPEC) a été créée pour organiser le marché du travail et de mettre en oeuvre des programmes de promotion de l’emploi qualifié. Les principales missions de cette agence sont la mise en relation de l’offre et de la demande du travail, l’information et l’orientation des demandeurs d’emplois et des jeunes entrepreneurs, ou encore la mise en place des programmes d’adaptation professionnelle et de formation – insertion dans la vie active, en liaison avec les employeurs et les établissements de formation. Cette agence devra coordonner l’ensemble des actions de promotion de l’emploi mises en place telles que les programmes action-emploi, et l’auto-emploi, …

L’ANAPEC est également chargé de l’octroi de crédits de formation complémentaire et de l’encouragement des créateurs d’emplois indépendants.
Enfin, une meilleure gouvernance du marché de travail dans le cadre d’un contrat signé entre l’Etat et l’ANAPEC vise à développer au sien de cette dernière les structures et les outils de régulation du marché du travail.

En conclusion, il faut dire que les différentes politiques de réduction du chômage montrent l’intérêt d’une combinaison de politiques macro-économiques, sociales et d’emploi. Il n’existe pas de modèle type de réduction du chômage, mais l’amélioration de la croissance est une condition nécessaire pour la promotion de l’emploi. La croissance économique et l’emploi étant corrélés, la faiblesse de la croissance au cours des dernières années à induit une progression notable du taux de chômage.

Les politiques de l’emploi à mettre en oeuvre doivent favoriser la compétitivité et garantir la paix sociale dans le but de préserver les emplois. D’autre part, l’adoption d’une certaine flexibilité à l’entrée du marché du travail conditionne l’amélioration de la compétitivité et la création d’emplois.
Au Maroc, la promotion de l’emploi au cours des dernières années ne s’est pas faite dans le cadre d’une stratégie globale et intégrée. Ainsi, malgré l’inadéquation entre les exigences du marché du travail et les systèmes de formation, ces derniers n’ont toujours pas subit de réforme profonde, ce qui se traduit par des dépenses supplémentaire de formation complémentaires et des périodes de chômage plus longues.

Afin de pouvoir élaborer une stratégie globale et intégrée de promotion de l’emploi, il faudrait pouvoir mieux identifier les populations au chômage et les causes de leur inactivité. L’activation des antennes régionales de l’ANAPEC devrait à terme permettre un suivi plus précis des caractéristiques de l’emploi et du chômage, afin d’apporter des ajustements à certaines mesures et mettre en oeuvre d’autres plus ciblées.

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