Lire est un art. Ce n’est pas un acte instinctif. L’acte de lecture demande l’acquisition de méthodes adaptées à chaque type de lecture. Lire, c’est savoir pourquoi on lit, gérer son temps de lecture, organiser sa lecture en fonction de ce que l’on veut en faire, prendre des notes.
Plus on dispose de temps, plus on en prend au delà même de ce qui est nécessaire. En revanche, moins on dispose de temps, mieux on l’utilise. Il faut donc décider du budget temps affecté à la lecture. Avant de lire un livre, demandez-vous combien de temps vous voulez y passer.
Gérer ses lectures :
Pour bien gérer sa lecture, il faut :
- Organiser son temps de lecture, toutes les 45 – 90 mn, prendre une pause.
- Doser son effort : si on a du mal à lire, se demander si la lecture est utile, profitable. Si la fatigue et la saturation s’installent, ne pas s’obstiner. Etre attentif au seuil au delà duquel on est improductif. Décomposer les lectures en séquences.
- Mieux se connaître, pour choisir les types de lecture en fonction du moment, classer les lectures selon les genres lus le plus facilement le matin, l’après-midi, le soir.
- Avoir des lectures variées, ne pas oublier de lire la presse régulièrement. Consultez des sites internet qui vous proposent des extraits de la presse étrangère.
Evidemment, acheter livres et magazines finit par coûter cher, mais il y a les bibliothèques. Les bibliothèques sont un excellent moyen pour apprendre à développer un comportement de recherche : savoir utiliser un fichier, consulter des catalogues, des ouvrages de référence, des bibliographies…
Comment choisir un livre en bibliothèque ?
- Notez ce que vous savez déjà sur le sujet.
- Faites une liste de ce que vous voulez savoir.
- Faites une liste des ouvrages trouvés sur le sujet et planifier l’ordre des lectures.
- Commencez par les ouvrages de vulgarisation.
- Passez ensuite à des ouvrages plus spécialisés pour approfondir certains aspects intéressants.
- Finissez par un ouvrage de synthèse pour renforcer la mémorisation.
Il vaut mieux toujours évaluer un livre grâce à un survol rapide du contenu pour éviter le désagrément de tomber sur un auteur obscur, pédant ou un ouvrage inintéressant ou inaccessible.
5. – Etre à l’aise pour lire, confortablement installé sur un siège plutôt dur. Les mauvaises positions entraînent des tensions musculaires et une fatigue intellectuelle prématurée. Evitez de courber la tête excessivement, lisez dans le calme et le silence pour favoriser la concentration, évitez le surmenage visuel, par un éclairage adapté, la gymnastique visuelle, la relaxation et les cillements.
Exemple d’exercices :
Détente visuelle:
Objectifs: Détente visuelle et mentale, pour éviter la fatigue, couper une lecture longue, favoriser la mémorisation à la fin de chaque chapitre.
Consignes:
L’exercice est fondé sur l’alternance action/détente, lumière et obscurité:
- – mettre les paumes en creux, les placer sur les yeux
- – fermer les yeux pour favoriser l’obscurité complète
- – détendre le corps
- – respirer lentement et concentrer son attention sur les mouvements respiratoires
- – revenir progressivement à la lumière pour ne pas blesser le système nerveux
- – s’étirer et bailler.
Durée:
Garder la position environ 5 minutes.
Commentaires:
Après quelques instants dans l’obscurité, des « flashes » lumineux oranges ou jaunes peuvent apparaître. Ils témoignent de la fatigue visuelle. Ils disparaissent ensuite pour laisser place au noir complet.
L’exercice permet de sentir un réel repos et de constater une amélioration des capacités visuelles.
6 – Ne pas laisser son esprit vagabonder lorsqu’on lit. Permettre à son esprit de vagabonder est une (mauvaise) habitude, soyez ferme avec vous-même.
7 – Enfin, ne pas attendre que l’auteur déverse son savoir dans votre tête, prenez l’initiative en ayant une attitude active face à la lecture.
Comment lit-on ?
Par anticipation : Le cerveau complète, à partir d’indices (de sens, syntaxiques, la silhouette des mots, l’organisation de la phrase…) qui mettent sur la piste. Le choix est très rapide et non-conscient.
On fait un lien avec les connaissances antérieures : C’est le lecteur qui produit le sens, c’est la raison pour laquelle il faut être un lecteur actif, savoir pourquoi on lit.
On a une vision panoramique. L’oeil procède par bonds (qui sont des mouvements purement physiologiques), ne perçoit qu’en état d’immobilité.
Fixation… bond …Fixation… bond… Fixation …bond…
La succession rapide des bonds (1/4 de seconde) et arrêts (1/4 de seconde) donne au lecteur l’impression d’une continuité. La fixation s’appelle l’empan. Il est d’amplitude variable. Plus un lecteur est expérimenté, plus l’amplitude est grande. En effet, le champ visuel est composé de trois zones, distincte, floue, périphérique. Dans la zone distincte, le lecteur voit jusqu’à 25 signes (cinq à huit mots), dans la zone floue, jusqu’à 35 signes, ce qui implique une activité mentale accrue pour compenser l’imprécision : identification rapide des mots, anticipation, déduction, reconstruction du sens). Dans la zone périphérique, on voit jusqu’à 50 signes.
L’entraînement joue un rôle clé : le lecteur actif, rapide est habitué à utiliser simultanément les trois zones, il évite les retours en arrière qui font perdre temps et compréhension et sont en général dus à l’anxiété, le manque de confiance, la peur de ne pas comprendre. Lire vite, avec confiance est le résultat d’un entraînement approprié.
Comment améliorer la vitesse de lecture ?
Lire plus vite, c’est lire mieux, et donc, comprendre mieux. Il existe toutes sortes d’exercices pour augmenter la vitesse et la souplesse de lecture, prendre confiance en soi, éviter les retours en arrière qui gênent la compréhension.
Tout d’abord, testez votre vitesse de lecture. Prenez un texte de deux pages, et lisez-le montre en main. La vitesse se mesure en mots/minute. Convertissez le temps enregistré en secondes, prenez le nombre total de mots du texte, multipliez le par 60, divisez ce nombre par le temps en secondes. Si vous avez lu moins de 500 mots/minute, vous êtes bien en deçà de vos aptitudes, vous pouvez augmenter votre vitesse de lecture.
Le lecteur actif appréhende rapidement les informations visuelles et s’appuie presque complètement (à 80%) sur ses connaissances en prélevant le minimum d’indices visuels pour construire le sens. Il pratique l’anticipation et la déduction.
Le lecteur lent s’accroche et s’englue à 80% dans les signes écrits, ce qui entrave et réduit l’activité mentale à 20%. Il lit par déchiffrement.
On peut élargir le champ visuel, contrôler le parcours des yeux, réduire ainsi le nombre de bonds et augmenter la vitesse. La vitesse varie selon les facteurs suivants :
Lecteur :
– motivation
– curiosité, ouverture
– domaine connu du lecteur
– vocabulaire familier ou inconnu
Document :
– présentation claire
– difficulté du texte, du style, de la construction syntaxique…
Pour exercer la flexibilité et la rapidité de lecture, il existe trois types de balayage :
- Le balayage horizontal : on parcourt les lignes de gauche à droite. Pour accélérer la vitesse, commencer le parcours au deuxième mot et le terminer à l’avant-dernier.
- Le balayage vertical : on parcourt les lignes de haut en bas. Pour accélérer, fixer le milieu des lignes, saisir deux lignes à la fois.
- Le balayage diagonal : parcourir un texte en zig-zag en sautant des lignes.
Différents types de lecture :
On regroupe les façons de lire des lecteurs actifs en cinq stratégies. Chacune définit un parcours visuel, des comportements de lecture et des objectifs différents.
1. L’exploration :
Elle permet de déceler le contenu, de s’orienter, de trouver les passages correspondants à vos objectifs.
Comment procéder ? Examiner le titre, le nom de l’auteur, la page de couverture. Vérifier la date de parution. Parcourir l’avant-propos, la préface, l’introduction, la conclusion. Regarder la table des matières, le sommaire, l’index. Regarder les endroits stratégiques, les titres, les sous-titres, début et fin de chapitres. Lire quelques pages au hasard pour tester la lisibilité de l’ensemble.
2. L’écrémage :
Il conduit à l’essentiel et à ce qui est important, nouveau, intéressant. Il est adapté aux textes courts, aux articles.
Ne lisez que le titre, les sous-titres, le premiers et dernier paragraphe, la première et la dernière phrase des autres paragraphes et noter les idées retenues. Soyez attentif aux mots de liaison chargés de baliser le raisonnement du texte. La différence avec une lecture complète réside dans la mémorisation de détails, la lecture complète n’apporte rien de nouveau quant aux idées principales.
La presse est un terrain de prédilection pour la stratégie de l’écrémage, pour plusieurs raisons:
- le style journalistique. Le lecteur sait l’essentiel dès les premières lignes, ce qui suit n’est plus que du détail.
- La présentation, l’utilisation des titres, des inter-titres, caractères gras facilite la sélection rapide de l’information.
- L’anticipation, car le contexte est en général en partie connu.
3. Le repérage :
Il vise la recherche d’informations précises, trouver une citation, dégager un nombre d’éléments. On procède par balayage. Pour y arriver, il faut déterminer a priori ce que l’on recherche, faire preuve d’agilité visuelle et mentale, rester confiant et vigilant pour gagner du temps.
4. Le survol :
Il permet de dégager les idées principales, le plan, la structure, d’avoir une vue globale du texte. Il concerne les ouvrages longs. Pour qu’il soit efficace, il faut réfléchir avant d’attaquer sa C’est à la fois une exploration de l’ouvrage et un écrémage de l’introduction, de la conclusion d’abord, qui permettent un questionnement et une anticipation du contenu, puis un écrémage des chapitres (début et fin des chapitres), suivi d’une évaluation et d’un bilan.
Le survol permet de repérer la structure du document.
Exemple de types de structures :
- Structure ternaire
Littérature Biographie Historique Narration Évènements particuliers Voyages Rapport
- Structure mosaique
Documents Nord Américains Sciences humaines économiques politiques
Exemples juxtaposés
Idée Exemple Exemple Idée Exemple
Exemple – exemple Idée – exemple – exemple Idée
- Structure expérimentale
Scientifique
1. Observer le phénomène 2. Hypothèse explicative du phénomène 3. Résultats
matériel, méthodes 4. Interpréter les résultats confirmer les hypothèses infirmer les hypothèses 5. Concevoir une loi 6. Discussion auto-critique
5. La lecture approfondie :
L’approfondissement répond au besoin d’analyse du détail, d’étude mais aussi de structuration des connaissances. Il consiste à analyser le contenu d’un texte, à comprendre et assimiler. Il porte rarement sur la totalité du document, mais sur des passages importants.
La méthode est sensiblement la même que pour un commentaire de texte, une synthèse, un résumé ou une analyse. On commence par survoler le texte, ce qui mobilise le cerveau droit et rassure (sensation de dominer le sujet). Le survol permet de dégager la structure, de rechercher les passages à approfondir. Toujours reformuler, à l’écart du texte, le thème, les articulations, les idées principales.
Puis on se questionne sur ce que l’on veut savoir, ce qui permet une attitude mentale active :
établir la liste des ponts précis à approfondir, reprendre les difficultés apparues lors du survol, repartir avec des questions précises. Puis vient l’analyse : On retrouve les grandes parties, détecte les mots-clés, repère les connecteurs d’articulation (mots de liaison) qui donnent la logique interne du texte, on note les faits, les exemples précis, on résout les passages difficiles. L’étape suivante est la reformulation et la structuration des informations pour leur donner une cohérence, essentielle dans le processus d’appropriation, de mémorisation.
Conclusion:
La signification d’un texte n’est pas contenue littéralement dans le texte, mais élaborée par l’étudiant au cours de sa lecture, en fonction de son objectif, de ses connaissances antérieures, de ses caractéristiques intellectuelles. Plus le traitement de l’information est profond, plus on s’approprie le texte. Le meilleur moyen de s’approprier l’information est la prise de notes.
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