Le marché du travail au Maroc connaît depuis quelques années une transformation sous l’effet de facteurs démographiques, économiques et de comportement. Le taux d’activité et la population active ont été modifiés sous l’effet de la croissance de la population et la participation plus marquée de la femme à la vie active.
La population active âgée de 15 ans et plus a atteint le niveau de 11.140.000 personnes en 2005 en hausse de 1,1 % par rapport à 2004 (1,2 % en milieu urbain et 1 % en milieu rural). Le taux d’activité des femmes s’est situé à 27,9 % en 2005 en hausse continue depuis 2001 (25,5%) même si une légère baisse est enregistrée par rapport à 2004 (28,4%).
Cependant, le ralentissement de la croissance économique ces dernières années et sa forte volatilité au gré des saisons agricoles n’a pas permis une création suffisante d’emplois, d’autant que l’analyse des données relatives à l’économie marocaines a montré qu’il existait une corrélation positive entre taux de croissance et niveau d’emploi.
Ainsi, avec un taux de croissance du PIB de 1,8%, la population active occupée âgée de 15 ans et plus ne s’est accrue que de 0,9% en 2005 par rapport à l’année précédente ce qui n’a permis de créer que 91.000 postes en 2005 contre 338.000 postes en 2004 et 202.000 postes par an en moyenne durant les 5 dernières années. Cette situation est due essentiellement aux faibles performances du secteur agricole qui n’a créé que 8.000 emplois en 2005 (118.000 en 2004) et à la perte de 22.000 emplois dans le secteur industriel.
Les gains en termes d’emplois ont concerné surtout le secteur des services avec 63.000 emplois créés. Notons que le secteur des services reste le principal pourvoyeur d’emplois en zone urbaine avec une contribution à l’emploi total créé d’environ 92,6%.
En conséquence de la faiblesse des emplois créés, le taux de chômage au Maroc se maintient à un niveau relativement élevé, particulièrement en milieu urbain. La population active en chômage au niveau national est passée de 1.193.000 chômeurs en 2004 à 1.227.000 chômeurs en 2005, soit une hausse de l’ordre de 2,8%. D’où une aggravation du taux de chômage qui est passé de 10,8% en 2004 à 11% 2005.
Trois types de chômage coexistent au Maroc :
- Le chômage d’inadéquation quantitative qui résulte de l’insuffisance des emplois offerts par les secteurs productifs. La réduction de ce type de chômage nécessite la réalisation de taux de croissance et d’investissement privé plus élevés ;
- Le chômage d’inadéquation qualitative entre l’offre et la demande de main d’œuvre renvoie à une meilleure relation Formation – Emploi et nécessite des efforts d’adaptation de la demande à l’offre de travail, des réorientations et des perfectionnements ;
- Le chômage de dysfonctionnement correspond à des lacunes des structures et des mécanismes d’intermédiation du marché du travail.
La différentiation du chômage selon l’âge, le sexe, le diplôme et le milieu de résidence permet de constater que le chômage est particulièrement élevé en milieu urbain, les jeunes diplômés sont les plus touchés et les femmes souffrent globalement plus du chômage que les hommes.
Une analyse du taux de chômage par milieu de résidence montre que le chômage au Maroc est essentiellement un phénomène urbain puisque le taux de chômage en milieu urbain avoisine les 18% contre 3,6% seulement en milieu rural.
La faiblesse du taux de chômage en milieu rural ne doit toutefois pas masquer l’importance du sous-emploi. En milieu rural, la catégorie des aides familiales et des apprentis regroupe 53,9% de la population active occupée en 2004 en hausse de 3 points par rapport à 2002 (50,8%).
En outre, les jeunes diplômés sont plus touchés par le chômage que les sans diplôme. Le taux de chômage des sans diplôme est de l’ordre de 5,2% en 2005 (5% en 2004). Pour les personnes ayant un niveau moyen ou supérieur, le taux de chômage s’élève à 22,4% (22,6% en 2004). Ce constat est valable aussi bien en milieu urbain qu’en milieu rural où les taux de chômage respectifs des diplômés et des sans diplôme est de l’ordre de 25,6% et 10% en milieu urbain et de 10,2% et 2,5% en milieu rural en 2005.
Les défaillances du système productif marocain qui peine à absorber les diplômés arrivés sur le marché du travail et l’inadéquation de la formation par rapport aux exigences du marché du travail seraient responsables de l’importance du chômage des diplômés au Maroc. Ce dernier facteur pose un réel problème dans notre pays et appelle à la prise en compte de mesures spécifiques et adaptée pour assurer une meilleure adéquation entre formation et emploi.
Une ventilation du taux de chômage des femmes en milieu rural est largement inférieure à celui des hommes : 10,8% pour les hommes. Les disparités homme – femme au niveau du marché du travail sont particulièrement importantes en milieu urbain où le taux de chômage des femmes est de 24,8% en 2005 contre 16,3% seulement pour les hommes.
Paradoxalement, le taux de chômage des femmes en milieu rural est largement inférieur à celui des hommes : 1,4% pour les femmes contre 4,6% pour les hommes. Il n’en demeure pas moins que les femmes dans le monde rural restent cantonnées dans des activités peu valorisantes et faiblement rémunérées. En effet, 80,6% des femmes dans le monde rural font partie de la catégorie des aides familiales et apprentis contre 37,5% pour les hommes. De plus, la population active féminine est payée à un taux horaire deux fois inférieur à celui de la population active masculine. La situation précaire dont souffre l’emploi féminin dans le monde rural pourrait expliquer la faiblesse du taux de chômage dans ce milieu.
Au-delà de ces constats, il est à relever par ailleurs que le chômage de longue durée tend à devenir important. On constate d’une part que la durée moyenne du temps de passage entre la perte d’un emploi et la réintégration dans un autre emploi devient de plus en plus longue. De plus, au fil du temps, les chances de retrouver un nouvel emploi s’amenuisent rendant plus difficile la réinsertion dans le monde du travail et entraînant le développement de l’exclusion sociale.
De plus, l’alternance entre période d’activité et période de chômage est devenue fréquente et est liée à la multiplication des contrats temporaires ou à durée déterminée (travail temporaire, contrat de travail à temps partiel, contrat à durée déterminée…) ce qui est de nature à développer la précarité de l’emploi.
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