La répartition primaire des revenus (tout savoir)

L’activité économique conduit à la création de richesse. La répartition primaire des revenus correspond au partage de cette richesse entre les agents. Les bénéficiaires en sont tous ceux qui, par le travail fourni ou le capital investi, ont participé à la production. La répartition est donc consécutive à la production, mais elle en est également à l’origine, puisque les agents utilisent leurs revenus pour consommer et investir. Deux approches de la répartition primaire des revenus peuvent être distinguées : la répartition fonctionnelle, par type de revenu, qui oppose par exemple les salaires, les intérêts, les dividendes, et la répartition sociale, entre les différentes catégories d’agents : ménages entreprises, administrations.

La répartition primaire des revenus

Les salaires ne sont pas les seuls revenus des ménages, qui peuvent aussi bénéficier de loyers, d’intérêts, de dividendes. Le revenu primaire des ménages inclut l’ensemble des revenus tirés de leur contribution à l’activité économique, soit directement (revenus d’activité salariée ou non salariée), soit indirectement (revenus de placements mobiliers et immobiliers).

Répartition primaire des revenus

L’origine des revenus

Le revenu national est l’ensemble des revenus primaires des agents économiques. Il est possible de l’obtenir à partir du PIB, qui mesure la création de richesses nouvelles, source de distribution des revenus. Le PIB comprend trois grandes composantes : la rémunération des salariés (salaire et charges sociales), l’excédent brut d’exploitation, et des impôts (TVA grevant les produits, impôts sur la production, droits de douane). Le revenu national brut mesure la totalité des revenus primaires des ménages, des sociétés et des administrations.

Les ménages tirent leur revenu primaire de la rémunération des salariés, mais aussi de l’excédent brut d’exploitation (EBE des entreprises individuelles, rémunération de capitaux apportés aux sociétés). Parmi les différentes catégories de revenus primaires perçus par les ménages, certains sont des revenus d’activité (salaires, honoraires, bénéfices d’entreprises individuelles), d’autres rémunèrent la propriété (intérêts, dividendes, loyers). Les revenus salariaux représentent plus de 70 % des revenus primaires des ménages.

Le revenu primaire des sociétés est constitué de la partie de l’EBE représentant les bénéfices non distribués. Ils sont généralement destinés à accroître le stock de capital (autofinancement des investissements). Ils sont à rapprocher des revenus de la propriété puisqu’ils contribuent à augmenter la valeur des sociétés, donc les possibilités de plus-values de leur propriétaires.

Le revenu primaire des administrations est constitué de l’excédent brut d’exploitation des administrations (parfois négatif) et des prélèvements effectués au stade de la production qui, additionnés aux autres prélèvements, permettent de produire les services non marchands et d’assurer la redistribution.

Schéma général de la répartition primaire des revenus

répartition primaire des revenus

La répartition primaire s’effectue à 8 1 ,42 % à destination des ménages, contre 8,28 % pour les sociétés et 1 0,3 % pour les administrations.

Le revenu national disponible brut ne prend en compte que les revenus effectivement disponibles sur le territoire national, il s’obtient en retranchant le solde des transferts avec le reste du monde. Le revenu national net élimine la consommation de capital fixe, qui correspond à une diminution de richesses disponibles.

La formation des revenus

L’analyse néoclassique considère que chaque facteur de production, le travail comme le capital, est rémunéré selon sa productivité marginale. La loi de l’offre et de la demande s’applique sur le marché du travail comme sur tout autre marché et le salaire se détermine alors à l’intersection d’une courbe d’offre croissante, issue des préférences des actifs, et d’une courbe de demande décroissante, du fait de la décroissance de la productivité du travail. Les salaires sont flexibles et leur variation doit permettre l’ajustement entre l’offre et la demande sur le marché.

Pour Keynes, la répartition des revenus reflète des capacités de pression et de né­gociation différentes. Les salaires, essentiellement déterminés par la négociation collective, sont rigides à la baisse et n’influencent pas le niveau d’emploi issu des anticipations des entrepreneurs.

Dans la pratique, le partage de la valeur ajoutée entre salaires et profit dépend des négociations salariales entre syndicats et patronat et débouche sur l’élaboration de conventions collectives. Cependant, la tendance récente privilégie l’individualisation salariale, c’est-à-dire la prise en compte des qualités personnelles du salarié dans la fixation et l’évolution du salaire. En outre, depuis le milieu des années quatre-vingt, une politique de désindexation des salaires sur les prix a été mise en place. Cette rigueur salariale constitue un des éléments d’une politique plus générale de désinflation, de restauration de la compétitivité des entreprises.

L’État intervient à différents niveaux sur la fixation des revenus primaires. En tant qu’employeur, il détermine les salaires des fonctionnaires. Il fixe le montant du SMIC. Il influence les revenus du capital par son action sur les taux d’intérêt, son intervention sur les marchés financiers. Il conditionne l’évolution des revenus non salariaux à travers sa politique agricole, fiscale, redistributive.

Les inégalités de la répartition primaire des revenus

Les inégalités salariales dépendent principalement de la qualification, du sexe et de l’âge. Ainsi, les cadres supérieurs perçoivent un salaire moyen presque trois fois supérieur à celui des 2,6 millions de « smicards » ( 1 1 % des salariés) payés au minimum légal. Le salaire moyen est lui-même une fois et demi plus élevé que le SMIC. Même si elles semblent se réduire à long terme, ces inégalités ont tendance à s’accroître sur la période récente. La pratique de l’individualisation, la rigueur salariale, la faible progression du SMIC alimentent la montée des inégalités.

Dans le travail indépendant, les inégalités de revenus primaires sont encore beaucoup plus fortes. Cette catégorie regroupe en effet des agriculteurs, des professions libérales, des commerçant et des artisans dont les revenus ont évolué de façon divergente selon les secteurs et les situations.

Les inégalités de revenus du capital dépendent largement des inégalités patrimoniales ( 10 % des ménages possèdent plus de la moitié du patrimoine). De plus, la rémunération des gros patrimoines est plus importante que celle des petits, qui se limite souvent à la propriété de la résidence principale.

La formation des salaires dans les nouvelles approches du marché du travail

De nouvelles approches du marché du travail permettent de comprendre pourquoi le mode de fixation des rémunérations font coexister un taux de chômage important et une rigidité des salaires à la baisse alors que, selon la théorie néoclassique, la baisse des salaires devrait permettre l’ajustement entre l’offre et la demande.

La théorie de la segmentation propose une vision du marché du travail dans laquelle différents types de régulation sont à l’œuvre ; des marchés externes, fonctionnant sur un schéma néoclassique concurrentiel, des marchés internes à l’intérieur desquels la rémunération et l’allocation du travail sont régis par des procédures administratives.

Selon la théorie des contrats implicites, les salariés s’ « assurent » contre les risques économiques en acceptant, dans des contrats plus ou moins implicites, une rémunération indépendante de la conjoncture. En période de forte activité, les salariés payent une « prime d’assurance » et touchent une « indemnité » en période de faible activité.

La théorie du salaire d’efficience pose le principe d’une relation croissante entre le salaire et la productivité des salariés. Le calcul de maximisation des employeurs peut les amener à payer les salariés au-dessus du niveau concurrentiel.

Le modèle « insiders-outsiders » fait une distinction entre les salariés en place dans les entreprises (les insiders), qui disposent d’une protection (information, coût du recrutement, de la formation), et ceux qui veulent entrer (outsiders). L’employeur peut avoir intérêt à maintenir les salaires des insiders à un niveau supérieur au salaire concurrentiel.

Dans quelle mesure l’État intervient-il dans la répartition primaire ?

Corrigé :
Dans la pratique, l’État intervient dans la fixation des revenus primaires :

1. il détermine les traitements des fonctionnaires ;
2. il fixe le niveau du salaire minimum interprofessionnel de croissance (SMIC) ce qui induit des effets en cascade dans la hiérarchie des revenus dans les entreprises, puisque certains salariés non payés au SMIC sont rattrapés par ceux qui bénéficient d’une revalorisation du SMIC ;
3. il influence les revenus du capital par son action sur les taux d’intérêt (on pense notamment aux actions de la Banque centrale européenne), et la fiscalité (diminution du taux d’impôts sur les sociétés).

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