La politique économique se définit comme un ensemble de décisions prises par les pouvoirs publics visant à atteindre des objectifs relatifs à la situation économique d’un pays, à l’aide de divers instruments, et en tenant compte d’un certain nombre de contraintes. Les objectifs sont censés traduire des finalités politiques.
• Schéma de la politique économique :
Les politiques économiques conjoncturelles ont pour objet de maintenir ou de rétablir les grands équilibres économiques et financiers à court terme (équilibre sur le marché du travail, sur le marché des biens et services, équilibre extérieur…).
Les politiques économiques structurelles visent à adapter, préparer, orienter les structures de l’économie à long terme pour suivre l’évolution du changement économique.
Les grands objectifs de la politique économique
Les cibles de toute politique économique : Selon Jan Tinbergen, on dénombre quatre objectifs principaux :
- la croissance de la production,
- le plein emploi des facteurs de production, c’est-à-dire l’absence de chômage et la pleine utilisation des capacités de production des entreprises,
- la stabilité des prix (inflation maîtrisée), l’équilibre extérieur (balance des transactions courantes équilibrée).
Aujourd’hui, Xavier Greffe ajoute un cinquième objectif qui est la stabilité du taux de change.
La visualisation de la situation économique d’un pays : elle peut s’opérer par l’intermédiaire du « carré magique » de Nicholas Kaldor.
Le carré magique de Kaldor
La figure obtenue permet de comparer la situation économique d’un pays à la situation idéale qui serait celle du « carré magique ». Il est aussi possible de repérer des évolutions en traçant des figures à différentes périodes sur un même graphique, voire de comparer plusieurs pays.
Les instruments traditionnels de la politique économique
Ce sont les instruments qui permettent la réalisation des objectifs. Selon le principe de cohérence de Jan Tinbergen, une politique économique doit avoir autant d’instruments que d’objectifs.
La politique monétaire : elle vise à réguler la croissance de la masse monétaire de manière à ce que la quantité de monnaie en circulation ne soit pas trop importante pour éviter l’inflation, mais suffisante pour assurer le volume des transactions et ne pas freiner l’activité économique. La principale source de création monétaire étant le crédit, la politique monétaire consiste essentiellement à agir sur le niveau des taux d’intérêt. Elle est définie et conduite par la Banque centrale européenne.
La politique budgétaire : elle consiste en la prévision de l’ensemble des recettes et des dépenses de l’État sur une année. Dans une optique keynésienne, le déficit budgétaire permet un soutien de la demande interne et donc une relance de la croissance économique. La croissance étant, a posteriori, source de nouvelles recettes pour le budget de l’État.
La politique des revenus : il s’agit de l’action des pouvoirs publics sur la formation des revenus des agents économiques. Elle permet de soutenir ou freiner la demande, d’alléger les coûts des entreprises. Elle s’appuie sur les transferts sociaux, les allocations du budget de l’État, les modifications du SMIC et des impôts.
La politique de change : son objet est de limiter le risque de change auquel sont soumis les agents économiques, voire de renforcer la compétitivité-prix des entreprises nationales par rapport à leurs concurrents étrangers.
Les contraintes de la politique économique
L’incompatibilité des objectifs : la politique économique consiste à faire des choix ou, plus exactement, à établir une hiérarchie entre les objectifs car il est souvent difficile de les atteindre tous en même temps, en raison de contraintes internes et externes.
Les contraintes internes :
- l’arbitrage inflation-chômage en est une illustration traditionnelle. En luttant contre le chômage par une relance de l’activité économique (soutien de la demande, hausse des salaires) on encourage l’inflation par la demande et par les coûts. Inversement, en luttant contre l’inflation (hausse des taux d’intérêt pour limiter le recours au crédit, freinage des salaires) on limite les possibilités de consommation et d’investissement, ce qui freine la croissance de la production et la création d’emplois ;
- le financement de la protection sociale : le développement du chômage, le vieillissement de la population et les progrès de la médecine conduisent à une hausse des prestations sociales et donc des cotisations sociales. Cette hausse renchérit le coût du travail et freine l’embauche ;
- les capacités de production des entreprises : à court terme, une hausse de la demande, alors que les capacités de production des entreprises sont saturées, génère des tensions inflationnistes.
Les contraintes externes :
l’arbitrage entre croissance et équilibre extérieur : la relance de l’activité économique, pour favoriser la croissance, débouche sur une hausse des importations (biens de consommation et biens d’équipement), préjudiciable à l’équilibre extérieur. Ce phénomène dépend de la propension marginale à importer (rapport entre la variation des importations et la variation du PIB), ainsi que du niveau de l’activité à l’étranger ;
taux d’intérêt et taux de change : une baisse des taux d’intérêt, pour favoriser la croissance dans la zone euro, peut engendrer une fuite des capitaux hors de la zone euro et donc à une dépréciation de la monnaie européenne. Cette dépréciation est incompatible avec la volonté de stabilisation des changes entre, d’un côté les pays européens ayant adopté l’euro et, de l’autre, ceux qui participent aux mécanismes du « SME bis » autour de l’euro.
Les ordonnateurs de la politique économique
L’impulsion, en matière de politique économique, n’est en général pas unique. Aux côtés des pouvoirs publics, on trouve aussi les banques centrales (qui sont de plus en plus indépendantes du pouvoir politique à l’image de la BCE), les collectivités locales (qui cherchent à améliorer l’attractivité de leurs territoires), les organismes supranationaux (l’Union européenne pour la politique agricole par exemple), ainsi que les professions organisées qui peuvent jouer un rôle de contre pouvoir ou de partenaires dans le cadre de négociations collectives (syndicats ouvriers et patronaux).
Au total, la conduite de la politique économique apparaît comme une polyphonie face à laquelle l’intervention de l’État semble nécessaire pour éviter la cacophonie. Il s’agit la plupart du temps de concilier les différents intérêts politiques, économiques et sociaux. Selon l’expression de Denis Clerc, l’État joue le rôle d’un chef d’orchestre pour éviter que chacun ne joue sa partition séparément.
Application: L’efficacité de la politique économique.
Corrigé
Une politique économique est efficace si elle parvient à atteindre les objectifs fixés en économisant les moyens utilisés.
1 . L’efficacité contestée des politiques économiques conjoncturelles
- a) les grands équilibres sont spontanément atteints (loi de Say, équilibre automatique sur le marché du travail, rééquilibrage automatique des échanges extérieurs).
- b) la politique économique peut permettre de rétablir le plein emploi sous certaines conditions (multiplicateur keynésien et conditions de son efficacité).
- c) les anticipations des agents annulent les effets de la politique économique (anticipations adaptatives et rationnelles).
2. La reconnaissance de l’efficacité des politiques économiques structurelles
- a) elles permettent le fonctionnement efficace des marchés (dérégulation, déréglementation, marchés contestables).
- b) elles suppléent la régulation défaillante du marché (externalités, biens publics, monopoles naturels).
- c) les motivations des dirigeants politiques ne sont-elles pas exclusivement électorales (École des choix publics) ?