Rentabilité économique et rentabilité financière (diagnostic)

Rentabilité économique et rentabilité financière sont deux indicateurs qui envisagent la performance de l’entreprise sous deux aspects différents et complémentaires : la rentabilité économique mesure la rentabilité de l’entreprise dans son ensemble, sans distinction de l’origine des montants investis (fonds propres ou endettement).


La rentabilité financière mesure la rentabilité du point de vus de l’actionnaire, en s’intéressant uniquement au rendement des fonds propres.

Lorsque l’entreprise n’est pas endettée, les deux montants sont identiques mais dans le cas contraire ils peuvent être très différents. Le recours à l’endettement est d’ailleurs un moyen risqué mais efficace d’obtenir une rentabilité financière élevée à partir d’une rentabilité économique médiocre.

le diagnostic de la rentabilité économique et financière

Le diagnostic de la rentabilité économique

Le calcul de la rentabilité économique

La rentabilité économique est un ratio. Elle est obtenue en divisant le résultat économique (résultat d’exploitation après impôt) par le montant des capitaux engagés pour obtenir ce résultat (actif économique) :

Rentabilité économique = résultat d’exploitation après impôt / actif économique

L’impôt à déduire est celui calculé sur le résultat d’exploitation : il ne faut pas utiliser tel quel le montant d’impôt sur les sociétés figurant au compte de résultat et qui tient également compte des éléments
financiers et exceptionnels.

L’actif économique, est égal à la somme de l’actif immobilisé et du besoin en fonds de roulement d’exploitation (cf. chapitre suivant).

De même que pour les SIG, l’utilité de ces calculs est avant tout comparative : un taux de rentabilité de 7% n’a de signification que comparé à la rentabilité moyenne du secteur d’activité ou étudié dans son évolution sur plusieurs années.

Profitabilité et rentabilité économique

On peut décomposer la formule de calcul de la rentabilité économique en y intégrant le chiffre d’affaires
(noté CA) :

Rentabilité économique et rentabilité financière

Le premier ratio (résultat économique / CA) mesure la profitabilité de l’entreprise et le second (CA / capitaux engagés) le taux de rotation de l’actif économique.

On s’aperçoit ainsi que deux entreprises peuvent atteindre le même taux de rentabilité économique de deux façons totalement différentes :

  • soit en réalisant un faible taux de marge mais en ayant besoin de peu de capitaux pour réaliser leur
    chiffre d’affaires (hypermarchés),
  • soit en réalisant un taux de marge plus élevé mais nécessitant un investissement plus important pour réaliser le même chiffre d’affaires (industrie).

Cette analyse donne également deux solutions possibles à une entreprise souhaitant améliorer sa rentabilité économique :

  • soit augmenter son taux de marge,
  • soit accélérer la rotation de son actif économique.

Le diagnostic de la rentabilité financière

Le calcul de la rentabilité financière

La rentabilité financière est un ratio. Elle est obtenue en divisant le résultat net par le montant des capitaux propres :

Rentabilité financière = résultat net / capitaux propres

Les capitaux propres sont égaux à la somme du capital social, des réserves et report à nouveau (bénéfices accumulés non distribués) et du résultat de l’exercice. On peut également les calculer par différence entre le total de l’actif et le montant des dettes.

Capitaux propres = capital + réserves + report à nouveau + résultat de l’exercice = actif – dettes

L’effet de levier

L’effet de levier explique le passage de la rentabilité économique à la rentabilité financière, en fonction du taux d’endettement et du coût de la dette.

En effet, le passage d’une notion à l’autre se fait de la façon suivante :

– actif économique = fonds propres + dettes financières
– résultat d’exploitation après impôt = résultat net – résultat financier.

Si on considère, par simplification, que le résultat financier reflète le coût des dettes financières, on en déduit que :

  • si le coût de la dette est inférieur à la rentabilité économique, alors la rentabilité financière sera
    supérieure à la rentabilité économique,
  • inversement, si le coût de la dette est supérieur à la rentabilité économique, alors la rentabilité
    financière sera inférieure à la rentabilité économique.

L’impact de cet écart sera d’autant plus important que le taux d’endettement est élevé, c’est pourquoi on parle d’effet de levier.

Exemple :
Les entreprises A et B disposent du même actif économique (100 000 €) et réalisent le même résultat d’exploitation après impôt (8 000 €). Toutes deux ont donc une rentabilité économique de 8%.

L’entreprise A a financé son actif économique exclusivement sur fonds propres. Son résultat financier et son résultat exceptionnel sont nuls. Sa rentabilité financière est donc égale à sa rentabilité économique,
soit 8 %.

En revanche, l’entreprise B a financé 60% de son actif économique par endettement au taux de 5 %. Elle réalise un résultat économique de 8 000 € tout comme l’entreprise A. En revanche, elle a un résultat financier négatif de 3 000 € avant impôt (60 000 * 5 %).

Si on considère que le taux d’impôt est de 33,33 %, le résultat financier après impôt sera donc de 2 000 € (3000 – 33,33% * 3000).

Sa rentabilité financière sera donc de (8 000 – 2 000) / 40 000 = 15 %.

L’effet de levier est égal à la différence entre la rentabilité financière et la rentabilité économique divisée par la rentabilité économique.

Effet de levier = (Rf – Re) / Re

avec Re = rentabilité économique et Rf = rentabilité financière.

Dans le cas de l’entreprise B il est de 87,5 % = (15 – 8) / 8

L’effet de levier est très recherché, en particulier en période de faibles taux d’intérêts. Il faut toutefois l’utiliser avec précaution car il accroît le risque de l’entreprise.

En effet, si le taux de rentabilité économique diminue jusqu’à être inférieur au coût de la dette, la rentabilité financière sera d’autant plus faible (voire négative) que le taux d’endettement est élevé. On parle alors d’effet de massue.

Exemple :
Le secteur d’activité des entreprises A et B traverse des difficultés conjoncturelles et le résultat d’exploitation après impôt des deux entreprises chute à 1 000 €, soit une rentabilité économique de 1 %.
La rentabilité financière de l’entreprise A sera égale est égale à 1 %.

En revanche, la rentabilité financière de B devient négative à – 2,5 % (= (1 000 – 2 000) / 40 000).

L’effet de levier est alors de – 350 % = (- 2,5 – 1) / 1

La rentabilité financière est liée à la rentabilité économique par la formule suivante :

rentabilité fincnière

avec :
– Re : rentabilité économique
– Rf : rentabilité financière
– Cd : coût de la dette net de l’économie d’impôt = taux d’intérêt * (1 – taux d’impôt)
– D : dette financière
– CP : capitaux propres

On voit ainsi que l’effet de levier dépend de deux éléments :
– le différentiel de taux entre la rentabilité économique et le coût de la dette (Re – Cd)
– l’importance du niveau d’endettement (D / CP)

Démonstration de la formule ci-dessus :
En posant RN = résultat net, REAI = résultat d’exploitation après impôt et AE = actif économique :
Rf = RN / CP = (REAI – intérêts) / CP = (Re*AE – Cd*D) / CP = [Re*(CP + D) – Cd*D] / CP
= (Re*CP + Re*D – Cd*D) / CP = Re + (Re – Cd)* D/CP

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