Le besoin de financement d’exploitation (BFE)

Le besoin de financement d’exploitation (BFE) découle de l’existence du cycle d’exploitation. Le bon fonctionnement du cycle d’exploitation exige la détention d’actifs physiques (stocks) et financiers (créances). Cette détention pendant une certaine durée est nécessaire avant que l’entreprise ne perçoive le résultat final de ses opérations sous forme de paiements monétaires.

Or, pendant ce temps, il faut financer la détention des actifs nécessaires au renouvellement des opérations d’exploitation. Ce renouvellement, dans une activité industrielle et/ou commerciale, est régulier et continu. Le financement à assurer est donc permanent.

Le besoin de financement trouve son origine dans l’existence initiale de décalages temporels entre les flux d’exploitation (charges/produits) et les flux monétaires (encaissements/décaissements). Ces décalages sont structurels, donc le besoin de financement d’exploitation (BFE) est permanent.

D’où proviennent ces décalages ?

– Ils proviennent d’abord du processus de production lui-même qui entraîne un délai de fabrication séparant la sortie des matières premières du stock et l’entrée des biens en stock de produits finis.

– Les délais de stockage jouent un rôle, notamment le délai de stockage des produits finis. On a vu que ce délai recouvre le temps nécessaire à la commercialisation. Il peut aussi correspondre à un accessoire du processus de production. Dans le secteur des vins et spiritueux, le vieillissement en tonneaux ou en bouteilles fait partie du processus d’élaboration des produits finis.

– La durée de crédit consenti aux clients introduit un retard à l’encaissement. Ce délai de paiement est l’expression de pratiques commerciales à l’œuvre dans les différents secteurs économiques. La durée du crédit est un des éléments caractéristiques de la relation entre clients et fournisseurs.

– Systématiquement, l’entreprise bénéficie des délais de crédits consentis par ses propres fournisseurs. Le crédit fournisseur dont l’entreprise profite constitue pour elle une ressource financière.

La figure suivante illustre le besoin de financement d’exploitation (BFE) en prenant l’exemple d’une opération de production-vente. L’axe supérieur identifie les opérations d’exploitation en les plaçant dans le temps ; l’axe inférieur identifie les dates des encaissements/décaissements.

Cycle d’exploitation et opérations de trésorerie

Cycle d’exploitation et opérations de trésorerie

La non-simultanéité des opérations d’exploitation et de mouvements de trésorerie exprime l’existence de délais de paiement associés au crédit-client et au crédit fournisseurs. Ceux-ci se traduisent par des flèches obliques dans la figure ci-dessous À l’inverse, on a supposé que les frais de fabrication (salaires) font l’objet de paiement comptant d’où une flèche verticale.

La figure 6.1 illustre qu’il n’y a aucune raison a priori pour que la durée totale de l’opération d’exploitation soit la même que la durée du besoin de financement en trésorerie.

L’analyse précédente dissèque une opération d’exploitation type que l’on a isolé du flux continu de l’activité de l’entreprise.

En fait, l’exploitation est une succession ininterrompue d’opérations élémentaires qui se superposent les unes et les autres. Hormis dans certains cas particuliers (construction navale), les opérations d’exploitation ne se succèdent pas, mais se chevauchent.

Estimation bilantielle du besoin de financement d’exploitation (BFE)

La photographie du bilan dresse un instantané des différentes opérations d’exploitation en cours, chacune étant saisie à un moment précis de son déroulement. Les actifs circulants d’exploitation correspondent au cumul comptable des stocks et des créances clients liées aux cycle d’exploitation.

Au passif, les dettes envers les fournisseurs sont aussi le cumul des achats non soldés effectués pour les opérations en cours.

L’estimation à un instant donné du besoin de financement d’exploitation (BFE) est donc simplement le cumul algébrique des éléments de stocks, des créances clients et des dettes fournisseurs :

BFE = Stocks + Clients – Fournisseurs

Stocks : ensemble des stocks correspondant à l’exploitation, des matières premières aux produits finis (hors stocks spéculatifs).

Clients : créances clients et comptes rattachés (effets à recevoir)
+ effets escomptés non échus (EENE) et cessions de créances d’exploitation (titrisation, affacturage)
– avances clients (au passif)
+ personnel (avances et acomptes)
+ TVA sur achats (compte État – taxe sur CA)
+ charges constatées d’avance (hypothèse par défaut, hors éléments financiers)

Fournisseurs : dettes fournisseurs et comptes rattachés (hors fournisseurs d’immobilisations)
– avances fournisseurs (à l’actif)
+ personnel (congés payés)
+ sécurité sociale (charges sociales dues)
+ TVA due sur ventes (compte État – taxe sur CA)
+ produits constatés d’avance (hypothèse par défaut, hors éléments financiers).
+ provisions pour risques et charges d’exploitation (par exemple litiges d’exploitation, garanties à la clientèle…)

Il faut d’emblée souligner que le besoin de financement d’exploitation (BFE) peut être a priori aussi bien de signe positif que de signe négatif. Un besoin de financement négatif constitue une ressource financière.

Le cumul algébrique des postes d’actifs d’exploitation et de passifs d’exploitation du bilan est particulièrement simple et rapide à effectuer.

Cela explique sans doute que l’estimation bilantielle du BFE soit souvent privilégiée par les analystes financiers. Il faut néanmoins rappeler les inconvénients et les limites d’une estimation bilantielle du BFE :

– elle est totalement statique. Rien ne dit que la situation en fin d’exercice corresponde à l’activité courante et normale de l’entreprise. La date d’arrêté des comptes est fixée par l’entreprise qui possède parfois une marge de manœuvre discrétionnaire.

Elle l’utilise en général pour présenter des bilans « au mieux de sa forme » en choisissant une date qui minimise les créances d’exploitation, par exemple en fin de cycle quand les clients ont payé ou quand les stocks ont été rendus.

On constate que 30 % des comptes sociaux sont clôturés à une date autre que le 31 décembre : le 30 avril pour les locations automobiles aux Antilles, le 30 juin pour le tourisme, le 30 septembre dans le vignoble bordelais…

L’analyste financier doit chercher à estimer le besoin de financement moyen qui correspond à une activité normale sur l’année. De ce point de vue, la pratique des groupes et des comptes consolidés fait converger les dates de fin d’exercice vers le 31 décembre.

Au niveau international, avec le développement des IFRS, la norme des exercices annuels calés sur l’année civile s’impose. C’est un progrès dans l’analyse financière car l’arbitraire du 31 décembre tend à se substituer aux choix discrétionnaires des entreprises ;

– elle est tributaire des choix d’évaluation comptables qui privilégient la notion de créances et de dettes vis-à-vis des tiers. Ces raisons conduisent à préférer une mesure du BFE plus dynamique, qui fait davantage appel à la notion de structure des coûts.

Caractéristiques du BFE

Le besoin de financement d’exploitation de l’entreprise est caractérisé par une nature fondamentalement fluctuante, par son lien avec l’activité nominale et par un certain déterminisme sectoriel.

Incidence des fluctuations saisonnières

Le besoin de financement d’exploitation (BFE) suit avec retard ou avec avance l’activité en volume de l’entreprise. Celle-ci est rarement régulière et égale tout au long de l’année ; elle est le plus souvent marquée par des cycles qui ont un caractère saisonnier. Cela se vérifie pour tous les secteurs de l’économie pendant la période estivale des congés.

On trouve des cycles saisonniers dans l’ensemble des secteurs de biens de consommation et même d’équipement.

Le déroulement d’un cycle annuel de ventes permet d’identifier les périodes de pleine activité et celles de plus grand calme. L’exemple de l’industrie du jouet est souvent cité comme cas extrême :

  • durant le printemps et l’été, la production est maximale. Les stocks se gonflent est atteignent leur maximum à la fin de l’automne. Face à cela, les crédits fournisseurs suivent les achats et les créances clients sont faibles. Le BFE, qui était quasi nul, augmente régulièrement, mais reste modéré en raison du crédit accordé par les fournisseurs ;
  • pendant l’automne, les ventes sont maximales. Les stocks diminuent et se transforment en créances sur les clients. Les dettes fournisseurs deviennent exigibles. Le BFE devient alors maximal d’autant plus que des délais de crédit importants sont consentis à la grande distribution ;
  • à la suite des fêtes de fin d’année, le BFE se dégonfle au fur et à mesure du règlement des clients jusqu’à devenir quasi nul.

La figure suivante montre le décalage structurel entre l’activité réelle de production et la fluctuation du besoin de financement d’exploitation (BFE) au cours d’une année.

Cycle d’activité et BFE

 Cycle d’activité et BFERelation avec l’activité nominale

Le BFE est lié non seulement avec le volume de l’activité réelle, mais aussi avec la valeur de la production de l’entreprise. Entre les deux notions, prennent place les évolutions des prix des flux d’input et d’output. En effet, les stocks et les créances d’exploitation que l’entreprise doit financer s’expriment en valeur, de même les dettes envers les fournisseurs.

C’est dire l’importance que peuvent avoir les phénomènes monétaires de hausse des prix. Même si l’activité en volume reste stable, le BFE de l’entreprise peut augmenter à la suite de la simple hausse générale des prix.

Les responsables financiers et les analystes financiers, notamment lorsqu’ils cherchent à prévoir, doivent donc intégrer, en plus de la croissance réelle en volume, les phénomènes nominaux liés à l’inflation.

Ce réflexe est (était) particulièrement nécessaire au cours des périodes d’inflation où celle-ci avait atteint (et même dépassé) un rythme de 10 % par an.

Un tel souci est moindre à l’époque actuelle où la hausse du niveau général des prix est plus que faible. Dans certains secteurs industriels, le niveau des prix de gros ou le niveau des prix à l’importation connaît même une tendance à la baisse.

Même si cette source d’incertitude semble avoir disparu, l’analyste financier retiendra que le BFE augmente mécaniquement avec l’inflation.

Déterminisme sectoriel

Le BFE est l’expression des relations interentreprises. Il est largement déterminé par le secteur d’activité qui impose un certain type de relation entre, d’une part, l’entreprise et ses fournisseurs en amont et, d’autre part, l’entreprise et ses clients en aval.

Ces relations s’expliquent par les usages et surtout par les rapports de force entre fournisseurs et clients. Ceux-ci conditionnent largement la durée des crédits consentis par les uns aux autres.

L’exemple de la grande distribution est souvent cité : les centrales d’achat et les grandes surfaces obtiennent de leurs fournisseurs des délais de paiement qui sont couramment de deux à trois mois.

La durée du processus de production est aussi un élément à prendre en compte notamment dans les secteurs qui ont un cycle de production long : construction aéronautique ou navale, BTP.

Les ratios de délai d’écoulement permettent d’analyser les différentes composantes du besoin de financement d’exploitation (BFE) en comparant leur importance relative selon les secteurs économiques.

À titre d’illustration, on peut analyser la situation dans le secteur des travaux publics et de l’industrie du lait. La rotation lente des stocks dans les travaux publics correspond au processus de construction d’ouvrage qui est long. S’y ajoutent des délais de paiements très longs consentis aux clients.

Ces délais s’expliquent certes par un rapport de force favorable, mais aussi par les règles de la comptabilité publique qui conduisent à des délais importants avant le règlement d’un ouvrage destiné à une administration ou à une collectivité publique.

En contrepartie, ce secteur cherche à trouver une ressource de financement auprès de ses propres fournisseurs de matériaux. Le cas des industries du lait est inverse.

La rotation des stocks y est rapide, ce qui se comprend en raison de la durée de conservation limitée des produits laitiers. Les fournisseurs (coopératives, exploitants.) sont en moyenne réglés à un mois et demi. Au total, on aura compris que le BFE est proportionnellement plus élevé dans le secteur des travaux publics que dans celui de l’industrie du lait.

La disparité sectorielle est très forte et il faut se méfier des valeurs moyennes. Ainsi, en 2008, un délai de réglement – clients moyen de 54 jours en France recouvre des situations qui variaient du simple au double entre les industries agroalimentaires et les biens d’équipement. Il en est de même pour les délais fournisseurs
(voir tableau ci-après).

Délais de règlement clients et fournisseurs (en jours de CA et en jours d’achats, données 2008)

Délais de réglement clients et fournisseurs S’ajoutent à l’effet des délais de réglement, les délais liés aux processus de production et de vente. Le rôle des stocks intermédiaires, ou à l’inverse de la mise en place de gestions en flux tendus, est direct sur l’ampleur du besoin de financement d’exploitation. Les nouvelles technologies et l’automatisation des processus sont aussi à prendre en compte.

Le tableau suivant représente le besoin en fonds de roulement global pour différents secteurs. Il est très variable selon les activités. Les chiffres montrent le rôle des stocks. Dans certains secteurs de services ceux-ci sont inexistants.

Lorsque s’ajoutent des pratiques de paiement en avance des clients, on aboutit logiquement à des BFR négatifs (télécommunication, média, loisirs). À l’inverse, l’image traditionnelle du BFR négatif dont bénéficierait la distribution doit être corrigée.

Le secteur de la distribution alimentaire et non alimentaire est très vaste et au-delà des délais de règlement clients et fournisseurs, il faut rappeler que cette activité implique la détention de stocks plus ou moins importants. Il en résulte un besoin de financement d’exploitation (BFE) positif.

Besoin en fonds de roulement en % du chiffre d’affaires

Besoin en fonds de roulement en % du chiffre d’affaires Un outil d’analyse très frustre est parfois utilisé en première approche par l’analyste financier pour appréhender le besoin de financement d’exploitation : il s’agit de la valeur ajoutée. L’idée est que les entreprises à forte valeur ajoutée ont, en général, un BFE élevé. Le raisonnement est le suivant :

– une forte valeur ajoutée implique un cycle de fabrication long et plutôt complet. Cela entraîne des stocks importants de matières premières, de produits semi-finis, de travaux en cours… ;

– une forte valeur ajoutée signifie mécaniquement une proportion d’achats à l’extérieur qui est faible. Même si l’entreprise profite d’un délai de crédit important de la part de ses fournisseurs, celui-ci ne joue que sur des montants limités exprimés en proportion des ventes ou en valeur absolue.

Pour un crédit-client donné, le besoin de financement d’exploitation (BFE) de telles entreprises recouvre des stocks plutôt importants et une ressource de financement plutôt faible sur les fournisseurs. Le résultat en est un BFE qui a toutes les chance d’être relativement élevé.

Rôle de la taille et des caractéristiques nationales

Le crédit inter-entreprise est directement marqué par un effet taille. Les délais réciproques de crédit dépendent de rapports de force entre clients et fournisseurs.

Très logiquement les grandes entreprises sont avantagées car elles peuvent obtenir des délais de réglements plus élevés de leurs fournisseurs. Elles peuvent donc les répercuter à leurs clients.

Le tableau ci-après présente la moyenne des ratios (et non le ratio moyen) de délais au sein de 4 catégories d’entreprises distinguant les grandes, les PME et les petites.

Délais de règlement clients et fournisseurs par taille
(en jours de chiffre d’affaires et d’achats, année 2008, données Fiben)

Délais de règlement clients et fournisseurs par taille

En outre, chaque pays a développé des pratiques en terme de crédit interentreprises. Une distinction traditionnelle est faite entre les pays de l’Europe du Sud et ceux du Nord. Dans les premiers, les délais de réglement des créances clients sont longs.

Le paiement est en revanche plus rapide en Allemagne et en Angleterre. Dans tous les cas de figure, ces pratiques tendent à se répandre dans les économies en suivant une logique de répercussion d’amont en aval, du fournisseur vers le client.

La conséquence en est des créances clients et des dettes fournisseurs qui représentent des poids différents dans les bilans selon les pays (tableau 3).

On remarquera néanmoins une tendance de fond à l’homogénéisation du solde du crédit interentreprises qui représente en moyenne entre 0 et 3 % du total du bilan. L’italie fait exception.

Tableau 3 — Poids des créances clients et dettes fournisseurs
(en % total des bilans, années 1998-2001, données Bach)

Poids des créances clients et dettes fournisseurs

Retards de paiement (en jours par rapport aux délais convenus, France)

 Retards de paiement Il faut enfin souligner le rôle des retards de paiement qui ne sont pas négligeables et qui viennent s’ajouter aux délais de crédit clients inscrits dans les bilans des entreprises et qui sont théoriques. Les pratiques de retard sont systématiques en Europe.

Selon Dun et Bratstreet, seulement 50 % des entreprises belges, françaises et hollandaises respectent les délais convenus.

La proportion est meilleure en Angleterre, en Italie (65 % dans les deux cas) ou en Allemagne (80 %). Ces retards de paiement systématiques sont plus le fait des grandes entreprises que des petites.

Les premières peuvent se permettre de ne pas respecter des délais convenus en raison d’un rapport de force qui leur est favorable. Les très petites entreprises sont les plus ponctuelles.

La gestion stratégique du BFE

L’influence de la conjoncture économique

La crise économique de 2008 a été l’occasion de recentrer les préoccupations des directeurs financiers sur les besoins en liquidités du cycle d’exploitation.

Les trésoriers d’entreprises n’ont eu d’autres choix que d’agir avec les moyens qu’ils avaient à leur disposition au sein de leurs entreprises respectives.

Surveiller, prévoir et maîtriser le niveau du besoin en fonds de roulement est l’une des missions principales du responsable financier.

Les facteurs qui influencent le BFE sont :

  • le facteur temps (décalage à financer) ;
  • le facteur volume (niveau de l’activité) ;
  • le facteur prix (structure des coûts).

Toute variation de l’un ou l’autre de ces facteurs aura un effet plus ou moins important sur le BFR. Par exemple, plus le délai client est long et plus le BFR est élevé.

La réactivité des entreprises face aux difficultés de financement s’illustre par les variations du BFR enregistrées au cours de l’année 2008 par les sociétés du CAC 40 (tableau suivant).

Variations du BFR en 2008. Groupes du CAC 40

Variations du BFRVariations du BFR

Au travers des groupes du CAC 40 (à l’exclusion des financières et des immobilières) plusieurs remarques peuvent être faites concernant l’évolution du BFR :

– la détérioration a été très importante, fin 2008, pour les groupes automobiles qui ont perdu 5 milliards d’euros de liquidités absorbées par le BFR, ce qui a notamment poussé le gouvernement à les aider.

Les variations du BFR de Pernod Ricard et celle de GDF-Suez ne sont pas significatives dans le sens où ces groupes ont supporté des dépenses d’acquisition, dépenses non récurrentes dans le cycle d’exploitation d’une entreprise. Au total, le BFR du CAC 40 s’est détérioré de 3 milliards d’euros en 2008, soit 0,3 % de son chiffre d’affaires ;

– 17 groupes ont observé en 2008 une réduction de leur BFR pour un montant total de 10,6 milliards d’euros ;

– 16 groupes sur 34 avaient un BFR négatif à la clôture de leur exercice 2008. Le BFR négatif est caractéristique de la puissance de ces grands groupes et ils sont près de la moitié à en bénéficier. La grande distribution n’est pas la seule à avoir un BFR négatif.

Comment optimiser le BFR ?

Compte tenu d’un contexte de baisse d’activité, d’un accès au crédit limité, les entreprises ont recherché à réduire leurs besoins en liquidités.

L’optimisation du BFR consiste à réduire au maximum le cycle de transformation de l’encaisse, tout en veillant à ne pas porter atteinte au bon fonctionnement du cycle d’exploitation. Cela se traduit par trois types d’actions :

  • accélérer la rotation des stocks tout en respectant une limite qui constitue le stock de sécurité ;
  • réduire le délai de paiement accordé aux clients tout en conservant une démarche commerciale ;
  • allonger le délai de paiement des fournisseurs sans les pousser à augmenter leurs prix.

La mise en œuvre d’un tel projet concernant le BFR nécessite souvent d’arbitrer entre une « vision commerciale » et une « vision financière ».

L’entreprise doit aussi arbitrer entre le niveau de stock et le taux de service, ou encore arbitrer entre la volonté de poursuivre la croissance du chiffre d’affaires et le fait de négocier des délais des paiements plus courts avec certains clients, ou enfin arbitrer entre le coût des matières premières et le niveau de stocks.

Par exemple, certaines entreprises font des achats importants de matières premières afin d’anticiper une hausse des prix, tout en sachant que cela va accroître le niveau de stocks et de manière indirecte leur BFR. Cela constitue alors un gain d’opportunité pour l’entreprise non valorisé au niveau du BFR.

Une grande société aura des marges de négociation plus importante qu’une petite entreprise. Elle pourra plus aisément imposer ses délais de règlement à ses fournisseurs sans que celui-ci ne puisse réagir en augmentant ses prix.

La politique de crédit clients est un élément traditionnel de la gestion commerciale. Cela signifie définir des conditions relatives à l’octroi de crédit, la longueur du crédit, ainsi que les conditions de recouvrement (pénalités). Pour chaque client, l’entreprise définit un encours plafond.

Celui-ci correspond à la somme maximale octroyée par l’entreprise en termes de commandes. Cet encours plafond est basé sur la relation commerciale que l’entreprise entretient avec le client.

Certaines entreprises peuvent avoir recours à des assureurs-crédits qui évaluent et couvrent partiellement le risque potentiel de défaut de paiement. L’action sur les clients passe également par une politique de recouvrement des créances dont l’objectif est d’assurer les encaissements aux dates prévues.

Lire aussi « L’impact de la loi LME sur les délais de règlement« .

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