Un projet d’investissement s’inscrit dans la stratégie globale de l’entreprise et concerne la planification à long et moyen terme. Ce chapitre est consacré uniquement aux aspects financiers de la décision d’investissement. La gestion des investissements consiste à :
– étudier la rentabilité économique des projets d’investissements ;
– mesurer les risques encourus ;
– choisir les investissements les plus rentables et les modes de financement les mieux adaptés ;
– chiffrer les prévisions en élaborant un plan pluriannuel et un budget des investissements ;
– contrôler le budget, le financement et la rentabilité des investissements.
Les investissements
Définition
Un investissement est défini comme une immobilisation importante de fonds dont l’entreprise espère retirer, pendant une période déterminée, une rentabilité future tout en prenant des risques.
La classification d’investissement
On distingue différents types d’investissements selon leur nature ou leur objectif :
Par nature : Acquisition d’immobilisations corporelles et incorporelles (matériel, construction, brevet…) .Investissements intellectuels (recherche, conception de logiciels, formation du personnel…). Investissements financiers (prise de participation dans le capital d’une autre société, titres que l’entreprise désire conserver durablement…).
Par Objectif : Investissements de renouvellement visant à remplacer les équipements existants. Investissements d’expansion contribuant au développement de l’entreprise. Investissements d’innovation permettant la création de nouveaux produits.
Les méthodes de choix des investissements en avenir certain
Les flux nets de trésorerie
Un projet d’investissement est rentable donc acceptable, à condition que les recettes futures attendues soient supérieures au capital investi au départ (C).
L’évaluation des recettes futures est obtenue à partir des flux nets de trésorerie (FNT) annuels, après impôt, générés par l’investissement sur sa durée de vie.
Les flux nets de trésorerie sont appelés également capacité d’autofinancement (CAF).
Flux nets de trésorerie = (Produits encaissables – Charges décaissables) – Impôt sur les bénéfices
ouCapacité d’autofinancement = Résultat net d’impôt + Dotations aux amortissements
Exemple:
L’entreprise envisage un investissement d’un coût de 200 000 , amortissable en mode linéaire et dont la durée de vie serait de 4 ans. L’entreprise est soumise à l’impôt sur les sociétés (taux de 33,33 %).
Les recettes et les dépenses supplémentaires attendues pour cet investissement sont les suivantes :
La somme des flux nets de trésorerie (218 666 €) est supérieure au montant de l’investissement.
La rentabilité économique
La rentabilité économique d’un projet d’investissement est étudiée indépendamment de son mode de financement.
Plusieurs critères de choix d’investissement sont retenus, avec ou sans actualisation, pour apprécier la rentabilité économique du projet et aider l’entreprise dans ses prises de décision.
Ils mettent tous en relation le capital investi (C) et les flux nets de trésorerie (FNT).
Critère sans actualisation : Délai de récupération du capital investi (DR)
Critères avec actualisation :
- Valeur actuelle nette (VAN)
- Taux interne de rentabilité (TIR)
- Indice de profitabilité (Ip)
Le tableau ci-dessous présente ces différents critères :
Exemple:
Les flux nets de trésorerie attendus pour un projet d’investissement d’un coût de 100 000 € sont les suivants :
Le taux d’actualisation est de 10 %.
Délai de récupération du capital investi
Flux nets de trésorerie cumulés :
Délai de récupération :
Le délai de récupération est atteint au cours de l’année 3.
La date exacte est déterminée par interpolation linéaire, soit :
((100 000 – 90 000) /39 000) x 360 = 92 jours, donc le 2 avril de l’année 3
Valeur actuelle nette économique
VAN = 40 000 (1,10)- 4 + 39 000 (1,10)- 3 + 48 000 (1,10)- 2 + 42 000 (1,10)- 1 – 100 000 = 34 475
La valeur actuelle nette est positive, le projet d’investissement est donc rentable.
Taux interne de rentabilité
TIR = t tel que : 40 000 (1 + t)- 4 + 39 000 (1 + t)- 3 + 48 000 (1 +1 )- 2 + 42 000 (1 + t)- 1 – 100 000 = 0
t = 25,38 %
Le taux interne de rentabilité est supérieur au taux d’actualisation ; le projet d’investissement est donc rentable.
Indice de profitabilité
lp = (1 + 34 475)/100 000 = 1,344
L’indice est positif ; le projet d’investissement est donc rentable.
Les méthodes de choix des investissements en avenir aléatoire
L’avenir aléatoire consiste à introduire des probabilités pour choisir entre plusieurs projets d’investissement et mesurer le risque encouru par l’entreprise.
Le critère généralement utilisé pour apprécier la rentabilité des projets est l’espérance mathématique de la valeur actuelle nette :
E (VAN) = ∑ FNTi actualisés x Pi – C
Pi = probabilités associées à chaque valeur de FNT actualisé (FNTi)
Le risque est mesuré à partir du coefficient de variation :
cv = σ VAN/ E(VAN)
Plus le coefficient est élevé, plus le risque est fort.
Les choix de financement
Les modes de financement
Une fois le projet d’investissement retenu, l’entreprise doit prévoir le mode de financement le mieux adapté à sa structure financière en fonction de la nature et du coût du moyen de financement.
Plusieurs solutions s’offrent à elle :
Financement par fonds propres
- Autofinancement
- Cession d’actif immobilisé
- Augmentation de capital
Financement externe
- Emprunt
- Crédit-bail
- Subvention d’équipement
Le plus souvent l’entreprise opte pour une combinaison de ces différents moyens de financement.
Les critères de choix
On distingue deux critères calculés à partir des flux nets de trésorerie liés au financement :
La valeur actuelle nette du mode de financement:
VAN du financement = ∑ FNT de financement actualisés – Montant du financement
Le taux d’actualisation doit être identique à celui de la valeur actuelle nette économique. Le financement le plus favorable est celui dont la valeur actuelle nette est la plus élevée.
Le taux actuariel du mode de financement:
C’est le taux d’actualisation qui annule la valeur actuelle nette du mode de financement ; il exprime le coût réel du financement. Le financement le plus favorable est celui dont le taux actuariel est le plus faible.
L’incidence du financement
La rentabilité d’un investissement se trouve modifiée par la prise en compte de son mode de financement :
VAN globale = VAN économique + VAN du mode de financement
Si : VAN du mode de financement > 0 => VAN globale > VAN économique
Exemple :
Pour un projet d’investissement d’un coût de 100 000 €, la valeur actuelle nette économique est de 34 475 € avec un taux d’actualisation de 10 %. Les flux nets de trésorerie liés au financement par emprunt à 80 % sur 4 ans, au taux de 9 % sont les suivants :
Valeur actuelle nette de financement
Montant de l’emprunt : 100 000 x 80 % = 80 000 €
VAN = – 21 200 (1,10)- 4 — 22 400 (1,10)- 3 – 23 600 (1,10)- 2 – 24 800 (1,10)- 1 + 80 000 = 6 641
La valeur actuelle nette est positive ; ce mode de financement est favorable.
Valeur actuelle nette globale
VAN globale = 34 475 + 6 641 = 41 116
La valeur actuelle nette globale est supérieure à la valeur actuelle nette économique ; en ce cas, le financement par emprunt augmente la rentabilité du projet d’investissement.
Taux actuariel
Taux actuariel = t tel que :
– 21 200 (1 + t)-4- 22 400 (1 + t)- 3- 23 600 (1 + t)- 2- 24 800 (1 + t)- 1 + 80 000 = 0
t = 6,67 % ce qui représente le coût du financement par emprunt
Le taux actuariel est inférieur au taux d’actualisation ; la rentabilité du projet est donc augmentée.
Le plan de financement
Définition et objectif du plan de financement
Le plan de financement est un état financier prévisionnel à long et moyen terme (3 à 5 ans). Il est établi à partir du programme des investissements choisi par l’entreprise. Il concerne en général l’ensemble de l’entreprise mais il peut être élaboré pour un projet d’investissement spécifique.
Son objet est de :
Comparer dans un tableau pluriannuel et prévisionnel :
- les emplois : besoins de financement liés aux investissements, les besoins en fonds de roulement ;
- les ressources prévues pour couvrir les besoins.
Vérifier la cohérence des décisions prises en matière de politique d’investissement et de financement ;
Contrôler l’équilibre financier entre les emplois et les ressources prévisionnels ;
Prévenir les difficultés financières ;
Rechercher les causes de déséquilibre et y remédier.
La structure du plan de financement
La présentation du plan de financement est semblable à celle du tableau de financement des emplois et des ressources.
Il est structuré en trois parties de la manière suivante :
Excédent de ressources => Augmentation des disponibilités
Insuffisance de ressources => Accroissement du besoin de financement à court terme
L’équilibrage du plan de financement
Le total des ressources prévisionnelles doit être supérieur au total des besoins prévisionnels pour que l’entreprise puisse disposer d’une marge de sécurité en cas d’erreurs de prévisions ou de besoins de financement non prévus. On distingue plusieurs phases :
1 . Distinguer — les besoins de financement à long terme
2. Calculer —les ressources internes.
3. Déterminer — les ressources externes nécessaires
4. Évaluer — les moyens de financement externes ( Augmentation de capital ; emprunt.)
L’équilibrage du plan de financement s’effectue par itérations soit en recherchant des ressources complémentaires, soit en diminuant les emplois prévus.
Le plan de financement que l’entreprise choisira sera celui qui ajustera au mieux le plan d’investissement à la structure financière de l’entreprise et à la rentabilité à venir.
Le budget des investissements
L’entreprise peut avoir recours, pour préparer le budget des investissements, aux techniques d’ordonnancement , afin d’ordonner l’ensemble des tâches du projet d’investissement, les échéances des flux financiers correspondants et de déterminer la durée totale de la réalisation du projet.
Le budget global annuel des investissements se subdivise en deux budgets partiels :
– le budget des investissements proprement dit ;
– le budget de financement.
Le budget des investissements proprement dit permet de détailler mois par mois pour les projets d’investissements retenus :
- les dates d’engagement des dépenses donnant lieu le plus souvent au versement d’acomptes. Le renoncement éventuel à un engagement entraîne une indemnité. Tout retard peut compromettre l’organisation du projet ;
- les dates de règlement en fonction des accords passés. Elles permettent de prévoir la trésorerie en conséquence ;
- les dates de réception des investissements à partir desquelles l’entreprise peut disposer des investissements et donc les exploiter.
La forme du budget type est présentée dans l’exemple précédent.
Exemple:
L’entreprise budgète pour N + 1 deux projets d’investissement à partir des renseignements suivants :
Le budget de financement
Il est nécessaire de budgétiser les ressources à dégager (internes ou externes) pour couvrir les prévisions de décaissement tout en respectant l’équilibre financier. Le budget peut être élaboré de la manière suivante :
Le contrôle budgétaire
Deux types de contrôle sont effectués à deux moments différents :
Les actions correctives des écarts défavorables peuvent conduire l’entreprise, selon leur importance, à retarder, à réduire, voire à supprimer le projet.
Contrôle de la rentabilité à la réception de l‘investissement : La rentabilité est calculée à partir des chiffres réels et des mêmes critères afin d’analyser :
— la fiabilité des prévisions ;
— la pertinence des critères de choix utilisés.