Economie du monde arabe

Les indicateurs fondamentaux de l’économie du monde arabe : unité dans la diversité. Les pays arabes ne constituent pas un ensemble homogène. Ils présentent plusieurs disparités tant au niveau des ressources humaines qu’au niveau des ressources naturelles et financières.

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Au niveau de la superficie, si le monde arabe s’étend sur une superficie de 14 million de km², soit le dixième de la superficie du globe, force est de constater que six pays, à savoir, le Soudan, l’Algérie, l’Arabie Saoudite, la Libye, la Mauritanie et l’Egypte, dont la superficie est supérieure à 1 million km² (voire 2 million km² pour les trois premiers), représentent à eux seuls près de 11 million km², soit 78% de la superficie du monde arabe.

En revanche, six petits pays, à savoir le Bahreïn, Djibouti, Qatar, Koweït et Liban ne représentent ensemble qu’une superficie à peine supérieure à 60.000 km².

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Au niveau de la population, on relève les mêmes disparités. Alors que le monde arabe compte près de 300 millions d’habitants (année 2002), l’Egypte, à elle seule, en compte 66 millions, soit 20% du total. L’Algérie, le Soudan, le Maroc ont une population tournant autour de 30 millions chacun. Les quatre pays, à eux seuls, regroupent plus de la moitié de la population arabe (53%). Si on y ajoute l’Arabie Saoudite (23M), l’Irak (25M), le Yémen (19M) et la Syrie (17M), on dépasse 80% de la population arabe.

Cette population se caractérise par la présence d’une forte jeunesse, par un niveau relativement élevé d’analphabétisme et par sa tendance vers l’urbanisation (plus de la moitié de la population est urbaine en 2000 contre 40% en 1975). Le taux de croissance démographique de la région demeure l’un des plus élevés au monde : 2,4% au cours de la période 1995-2002 contre 2,6% au cours de la période 1985-1995.

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Analysés par rapport à la richesse nationale appréhendé, par l’indicateur du PIB, les pays arabes dégagent trois catégories principales : pays à faible revenu, pays à revenu intermédiaire et pays à revenu élevé.

  • Les premiers, à savoir ceux dont le revenu par capital est inférieur à 1000 dollars US, se composent de la Mauritanie, la Somalie, le Soudan, le Yémen et le Djibouti.
  • Les pays à revenu intermédiaire, 1000 à 5000 dollars per capita, sont constitués par l’Algérie, l’Irak, la Tunisie, la Jordanie, le Maroc et le Liban.
  • Les pays à revenu élevé, plus 5000 dollars per capita, se composent de la Libye et des pays du Golfe exportateurs du pétrole (Emirats Arabes Unis, Qatar, Koweït, Oman, Bahreïn et Arabie Saoudite).
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Par rapport à la structure du PIB selon les secteurs d’activités, on peut dégager les remarques suivantes :

  • La part limitée de l’agriculture malgré l’importance de la population active qui vit encore du secteur primaire. En moyenne, l’agriculture participe à hauteur de 11% dans la formation du PIB pour l’ensemble des économies arabes. Ce taux atteint son maximum au Soudan (38%) et son minimum au Liban et au Koweït (0,4%).
  • Le rôle prépondérant de richesses minières, notamment dans les pays exportateurs de pétrole. Les industries extractives concourent à hauteur de 21% dans le PIB en moyenne. Ce taux atteint 34% en Algérie et en Arabie Saoudite, 30% aux Emirat Arabe Unie, 43% au Koweït. Il est nul pour le Liban et insignifiant pour d’autres pays comme le Maroc, le Soudan, la Mauritanie.
  • L’industrie de transformation, y compris le BTP (bâtiments et travaux publics), n’occupe qu’une part modeste (15% en moyenne). Dans le meilleur des cas, elle dépasse rarement 20% (Egypte, Maroc et Tunisie). Ce sont les pays qui disposent d’un tissu industriel relativement diversifié.
  • En revanche, le secteur tertiaire (services productifs et services sociaux) se présente d’une façon pléthorique. Il représente, en moyenne, 46% de la richesse nationale du monde arabe. Ce taux dépasse 60% en Irak !

En somme, la structure du PIB dans les pays arabes, imprime à ces derniers les caractéristiques qu’on rencontre généralement dans les pays sous-développés, désignés sous un vocable de PVD (pays en voie de développement) ou de pays du « tiers-monde ».

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Au niveau des relations des économies arabes avec l’extérieur et de leur intégration dans le système capitaliste mondial, trois tendances majeures sont à dégager :

  1. Un taux élevé d’extraversion et d’ouverture. Ce taux, mesuré par le rapport du commerce extérieur au PIB (X+M/PIB), exprime le degré de « dépendance » d’un pays donné par rapport au marché mondial, mais également sa place dans ce système. Il est en moyenne de l’ordre de 60% dans le monde.
  2. Une faible intégration des économies arabes. Les échanges économiques inter-arabes représentent moins de 10% de l’ensemble du commerce extérieur.
  3. La problématique de la dette extérieure reste entièrement posée dans beaucoup de pays arabes, y compris pour certains pays exportateurs de pétrole (Algérie). Evaluée à 142 milliards de dollars, la dette extérieure touche d’une façon inégale les pays arabes. En prenant en considération le coefficient de la dette (dette/PIB), on peut distinguer trois ensembles :
  4. Un premier ensemble dont la dette est relativement modeste (20-40%) : Oman, Syrie, Egypte, Maroc et Algérie.
  5. Un deuxième ensemble dont la dette est relativement élevée (50-80%) : Yémen, Tunisie, Djibouti, Jordanie et Liban.
  6. Un troisième ensemble surendetté (plus de 100%) : Mauritanie, Soudan, Somalie. Ces pays appartiennent à la catégorie de Pays Moins Avancés
    (PMA), c’est-à-dire les plus pauvres de la planète.

PARTIE I : EVOLUTION STRUCTURELLE DES ECONOMIES ARABES.

Chapitre I : La question agraire et la dépendance alimentaire

La place de l’agriculture dans l’économie arabe sera appréhendée dans trois optiques : les terres agricoles, la contribution au PIB et la contribution à l’emploi.

I – L’importance de terres agricoles

Bien que le monde arabe s’étende sur une superficie de 14 million de km², soit 10% de la superficie du globe, force est de constater que les terres agricoles (Superficie agricole utile) ne dépassent guère 200 million d’hectares, soit 14% de la superficie, globale, dont le tiers est effectivement cultivé. Ce qui nous donne une proportion de 0,2 ha par habitant.

Par ailleurs, les terres irriguées ne représentent plus que 20% des superficies cultivées en raison notamment du déficit hydrique d’une part et de la faible mobilisation des ressources disponibles d’autre part.

Quant au niveau moyen des précipitations, il est estimé à 160 mm, contre une moyenne de 720 au niveau mondial.

II – La contribution au PIB

Comme nous l’avons vu précédemment, l’agriculture ne contribue que dans une part modeste à la formation du PIB, soit en moyenne 11%. Ce qui dénote le retard de l’agriculture et la faiblesse de la productivité dans le secteur.

III – La contribution à l’emploi

L’agriculture continue toujours d’absorber une part importante de la main d’œuvre, notamment dans les pays à faibles revenus et les pays à revenus intermédiaires. Toutefois, une proportion importante de la population active (15-64 ans) souffre de chômage et de sous-emploi. On estime 56 millions, ceux qui sont dans une telle situation.

Section 2 – Les dimensions de la question agraire

I – Faible accroissement de la production agricole

Qu’il s’agisse de la production agricole ou de la production végétale, on relève une disproportion manifeste entre le taux d’accroissement de la production et le taux de croissance démographique. Durant la période 1990-2002, le taux de croissance de la production agricole a été de 2,4% ; soit un taux à peine égal au taux de croissance démographique.

A titre d’exemple, au cours de la période 1996-2002, la production des céréales a enregistré une baisse de -3,4% ; celle des légumes a augmenté de 5,4%. La production animale s’est relativement bien comportée.

Par contre, la production halieutique (produits de la mer) a connu au cours de la dernière période une progression constante, ayant pratiquement doublé entre 1990 et 2002. Le Maroc, la Mauritanie et l’Egypte sont les principaux producteurs. A eux seuls, ils réalisent presque les trois quarts de la production totale du monde arabe (3,4 millions de tonnes).

II – Faible niveau de l’autosuffisance alimentaire

En 2001, à l’exception des produits de la mer, tous les produits agricoles ont engendré un déficit, de sorte que le niveau de l’autosuffisance alimentaire varie entre 35% et 95% en fonction des produits.

  • Céréales : 52 %
  • Blé : 51%
  • Sucre : 35%
  • Huiles : 41%
  • Viande : 87%
  • Lait : 60%
  • Fruit et légumes : 95%

Il va sans dire que ces moyennes varient fortement d’une année à une autre, mais surtout d’un pays à un autre.

III – Détérioration de la balance commerciale agroalimentaire

Le poids de la facture alimentaire :

La balance commerciale agroalimentaire a connu au fil des années une détérioration continue. Les données suivantes passent de tout commentaire (en milliard de dollars)

1995

1996

2000

2001

Evolution annuelle

1995-2000

Evolution annuelle

2000-2001

Importations

23,46

24,7

29,38

27,11

4,6

-7,7

Exportations

5,75

6,39

6,82

6,78

3,5

-0,6

Déficit

17,71

18,31

22,56

20,33

5

-9,9

Taux de couverture

24,5

25,9

23,2

25

Les exportations agricoles ne couvrent que le quart des importations agroalimentaires. C’est dire le degré de la dépendance alimentaire du monde arabe et le poids de la facture alimentaire. Celle-ci est évaluée à 14 milliards de dollars en 2001 contre 12 milliards en 1990.

L’essentiel de cette facture est absorbé par les céréales, le sucre, les huiles, la viande et le lait et dérivés. Ces cinq produits représentent, à eux seuls, 85% de la facture alimentaire.

Section 3 – Les causes ayant été à l’origine de la crise

Ces causes sont de deux sortes : des politiques agricoles inadéquates et un faible niveau de développement des forces productives.

I – Politiques agricoles inadéquates

La majorité des pays arabes ont érigé le secteur agricole en secteur marginal. La priorité étant donnée à l’industrie et aux dépenses somptuaires au détriment de la couverture de besoins fondamentaux de la population.

1 – Faiblesse des investissements agricoles

Alors que le secteur agricole occupe plus de 40% de la population active, il n’a bénéficié, en moyenne que de 10% des investissements publics. L’investissement privé qui aurait pu prendre la relève de l’investissement public s’est heurté aux difficultés de financement. Il est à noter que ce sont les pays qui n’ont pas une « vocation agricole » qui réalisent l’essentiel des investissements agricoles. Ainsi, l’Arabie Saoudite assure, à elle seule, le tiers des investissements, l’Algérie le cinquième et la Libye 13%.

2 – Problème de financement

Le crédit agricole a privilégié le financement à court terme sur le financement à moyen et long termes. En outre, le réseau bancaire est très peu développé en milieu rural où la « bancarisation » est à son niveau le plus bas.

II – Faible niveau de développement des forces productives

Corollaire de la faiblesse des investissements, l’agriculture dans le monde arabe, à l’exception de quelques exploitations gérées d’une façon moderne, donne l’image d’une agriculture sous-développée et sous-équipée.

Les rendements à l’hectare sont en moyenne de 12,5 quintaux, soit à peine la moitié de la moyenne mondiale. Cette situation n’est pas une fatalité. On pourrait réaliser des rendements nettement supérieurs moyennant une intensification de l’agriculture et une utilisation efficiente des différents intrants.

Ainsi, pour certaines cultures, le monde arabe réalise des rendements supérieurs à la moyenne mondiale. Pour la canne à sucre, le rendement à l’ha est de 740 quintaux contre une moyenne de 600 au niveau mondial. Pour le riz, les chiffres sont respectivement de 56 et de 38.

Par ailleurs, l’utilisation des engrais et fertilisants reste insuffisante. Pour l’ensemble du monde arabe, la moyenne à l’ha ne dépasse guère 50 kg contre plus de 100 au niveau mondial. Ce sont les pays qui emploient d’une façon optimale les fertilisants qui réalisent les meilleurs rendements. C’est une liaison bien établie.

CONCLUSION

Au terme de ce chapitre, nous pensons que le monde arabe est capable de réaliser sa sécurité alimentaire moyennant l’adoption d’une politique agricole dont les axes seraient les suivants :

  • Le développement intégré du monde rural et sa mise à niveau sur le plan social en assurant une infrastructure éducative, sanitaire et physique.
  • L’amélioration de la productivité agricole par une mécanisation de l’agriculture, une formation de la main d’œuvre rurale et une propagation des résultats de la recherche agronomique.
  • La réalisation des investissements dans les pays à « vocation agricole » pour éviter le gaspillage des ressource et des investissements de « prestige » (cas du fleuve artificiel en Libye).

Chapitre II : La stratégie d’industrialisation du monde arabe.

L’industrie est un phénomène récent dans les pays arabes. Les premières unités industrielles n’ont fait leur apparition qu’au lendemain de la deuxième guerre mondiale pour connaître une certaine expansion durant les années 60 et 70 dans le cadre du modèle d’import substitution.

On peut à l’heure actuelle distinguer globalement trois groupes de pays en fonction de leur niveau d’industrialisation :

  • Le premier groupe se compose de pays dont les activités industrielles sont très limitées, à l’exception des activités artisanales fortement utilisatrices de travail. La Somalie, le Soudan, le Yémen et Djibouti font partie de cet ensemble.
  • Le deuxième groupe se compose de pays disposant essentiellement d’une industrie de transformation relativement diversifiée. L’industrie extractive ne jouant qu’un rôle d’appoint. L’Egypte, la Syrie, le Maroc, la Tunisie, le Liban et la Jordanie sont à classer dans cette catégorie.
  • Le troisième groupe, enfin, se compose de pays qui disposent d’une importante industrie extractive. Deux sous-groupes sont à distinguer : des pays où l’industrie de transformation est marginale : EAU, Oman, Qatar ; des pays où l’industrie de transformation occupe une place de choix : Arabie Saoudite, Irak, Algérie, Bahreïn.

D’une façon générale, l’industrie, notamment l’industrie de transformation, demeure une activité limitée. Elle représente moins de 1% de la production mondiale, contre 2,4% pour le Brésil, 1,7% pour le Mexique, 1,4% pour les dragons du sud-est asiatique (Corée du Sud, Taiwan, Singapour, Hong Kong). A titre de comparaison, la production industrielle du monde arabe arrive à peine à égaler la production d’un petit pays européen de taille de la Belgique.

Section 1 – La place de l’industrie dans les économies arabes

I – LA contribution de l’industrie au PIB

Pour l’ensemble des pays arabes, l’industrie dans ses deux variantes (extractive et de transformation) ne contribue en moyenne qu’à hauteur de 30% du PIB : 11% pour l’industrie de transformation et 20% pour l’industrie extractive (composée essentiellement de pétrole et de gaz naturel).

L’industrie, à proprement parler, ne concerne que l’activité de transformation. C’est donc à cette dernière qu’il faudra s’intéresser. Ainsi, si en 2002, l’industrie de transformation représente 11% du PIB, cette part varie entre 18,6% pour la Tunisie et 2,3% pour Djibouti. Pour les autres pays, les données sont les suivantes : Egypte (17,8%), Maroc (16,9%), EAU (14%), Jordanie (14%), Bahreïn (11,5%), Arabie Saoudite (10,3%), Liban (9,1%), Algérie (7,3%), Syrie (8%) …

Pour ce qui est du taux de croissance de l’industrie de transformation, il a été en moyenne de 5% au cours de la période de 1995-2002 avec de fortes disparités d’une année à l’autre (12,8% en 1995 et -1,8% en 2002).

La faiblesse de l’industrie de transformation dans le monde arabe apparaît au niveau d’un autre indicateur, celui de la production rapportée au nombre d’habitants. Ainsi, en 2002, celle-ci ne dépasse guère 263 $ par habitant.

II – La contribution de l’industrie à l’emploi

L’industrie arabe n’est pas parvenue à créer suffisamment d’emplois, en dépit de l’amélioration constatée au cours de la phase d’industrialisation. Sa part dans l’emploi est passée de 6% en 1960 à 15% en 1985.

En 2002, l’industrie assure 18,5 million d’emplois, soit 17,7% de la population active.

Par ailleurs, la productivité du travail demeure faible. Evaluée à 13.200 $, elle est en deçà du niveau atteint dans d’autres pays comme le Japon (106.000 $), la Corée du Sud (74.000 $), la Turquie (32.000 $). Ce qui pose le problème de sa compétitivité.

III – Sa contribution au commerce extérieur

Le commerce extérieur joue un rôle important dans les exportations totales, se situe au cours des dernières années (2000-2002) autour de 20%. Les importations industrielles, en revanche, représentent plus de 60% de l’ensemble. C’est-à-dire, encore une fois, la place limitée qu’occupe l’industrie arabe dans le tissu économique.

Le taux de couverture des importations industrielles par les exportations industrielles est estimé à 43% en 2002, proportion qui n’a guère évolué depuis le début des années 80.

Si on prend on considération uniquement les biens d’équipement, le taux de couverture ne dépasse guère 15%. Les exportations en biens d’équipement sont évaluées à 10 milliards de dollars contre 66 milliards de dollars pour les importations (chiffres 2002).

Section 2 – L’impact limité de l’industrie de transformation

I – Prédominance des industries légères et faiblesse de la valeur ajoutée

En dépit d’une amélioration de la structure de l’industrie de transformation par une diversification relative du tissu industriel, les industries légères continuent de s’accaparer la part de lion. En 2002, cette structure se présente comme suit :

  •  Produits alimentaires : 16%
  •  Textiles et cuir : 10%
  • Industries chimiques et pétrochimiques  : 13%
  • Biens d’équipement : 15%
  • Autres  : 28%
 

Pts alimentaires

Textile et cuir

Chimie et pétrochimie

Equipement

Autres

Année

1970

1992

2002

70

92

02

70

92

02

70

92

02

70

92

02

Algérie

33

32

19

29

20

7

4

4

11

5

9

14

29

35

49

Arabie Saoudite

7

7

15

0

1

1

0

39

38

0

4

18

93

50

28

Syrie

27

39

22

28

34

24

6

5

2

1

3

25

28

19

27

Egypte

22

31

19

26

16

15

7

8

27

5

9

23

32

36

16

Maroc

28

31

31

23

25

21

6

16

16

9

6

10

30

22

22

Cette diversification, somme toute timide, du tissu industriel ne s’est pas accompagnée par la création d’une base technologique nationale de nature à en assurer la complémentarité. La plupart des pays ont opté pour la solution de facilité en recourant à la politique de l’usine « clé en main », voire « produit en main » avec toutes les conséquences qui en découlent au niveau de la dépendance technologique et de la désintégration du tissu industriel par rapport à son milieu socio-économique. L’industrie n’a pas évolué en symbiose avec l’université et les centres de recherche.

Ce qui explique la faiblesse de la valeur ajoutée, limitée dans la plupart des cas, aux coûts salariaux, et qui ne dépasse guère 15-20% contre 66% aux USA, 70% au Japon et 73% en Allemagne. Autrement dit, les effets multiplicateurs d’une telle industrie sont limités. Par conséquent, elle ne peut constituer la base d’un développement économique authentique et durable.

II – Sous utilisation des capacités de production

La sous-utilisation des capacités de production est due aux difficultés d’absorption du produit tant sur le marché intérieur que sur le marché extérieur.

Le marché intérieur se caractérise par son « étroitesse » en égard à la faiblesse du pouvoir d’achat de la population arabe.

Le marché extérieur connaît une vive concurrence suite à l’ouverture des frontières et à la mondialisation des économies. Le niveau de compétitivité de l’industrie arabe ne lui permet pas de garder sa position sur le marché international et encore moins de gagner des parts additionnelles en montrant une certaine agressivité.

La sous-utilisation des capacités de production est préjudiciable à la rentabilité de l’industrie et limite ses possibilités d’extension. Une telle situation ne peut être dépassée que dans un cadre régional.

Section 3 – Les défis de l’industrie arabe et ses perspectives d’avenir

L’industrie arabe affronte de multiples défis à la fois d’ordre interne et d’ordre externe.

  • Le premier défi réside dans l’évolution rapide des technologies et la capacité d’assimilation et de maîtrise de ces technologies. En effet, l’acquisition de nouvelles technologies selon le schéma de « l’usine clé en main » ou « produit en main » est dépassée, voire désuète. La maîtrise de connaissances relatives à la gestion et au marketing, en rapide évolution faut-il le souligner, est aussi importante que la technologie. La connaissance des marchés, sur le plan des normes, revêt une importance capitale pour le développement des exportations. D’où l’intérêt de la recherche-développement et la mise en place de centres de recherche performants et à jour.
  • Le deuxième défi est relatif au développement des NTIC (nouvelles technologies d’information et de communication) dans lesquelles le monde arabe accuse un retard inquiétant. Le commerce électronique se développe à une allure tellement rapide que les pays arabes risqueraient de rester à la traîne de ce mouvement s’ils ne prenaient pas suffisamment garde.
  • Le troisième défi tient aux « avantages comparatifs » de l’industrie du monde arabe. Ni les matières premières à bon marché, ni les coûts salariaux ne peuvent désormais constituer la base de ces avantages comparatifs. Les processus de fabrication sont devenus de plus en plus complexes et la productivité tient plus à l’introduction de la science et des résultats de la recherche.
  • Les pays arabes sont donc acculés à s’investir davantage dans la connaissance technique moderne avec ses trois dimensions : la recherche, l’enseignement et l’apprentissage. En cela, nous rejoignons la conclusion d’un auteur lorsqu’il écrivait il y a plusieurs décennies : « Il est possible que l’avenir réserve au Brésil ce qui, pour l’homme d’aujourd’hui, semblerait un miracle. Si cela se produit, c’est que la génération actuelle aura compris l’importance de la recherche scientifique et technologique pour le développement de ce vaste pays » (Celso Furtado, les USA et le sous-développement de l’Amérique Latine. Calman Lévy 1970 p.274).

Chapitre III : La problématique du pétrole

Bien qu’on parle souvent de « pétrole arabe », force est de constater que les
pays arabes ne sont pas tous producteurs de pétrole. A cet égard, nous pouvons distinguer trois ensembles de pays :

  • Le premier groupe se compose de pays membres de l’OPEP à s’avoir : l’Algérie, la Libye et les monarchies du Golfe (Arabie Saoudite, EAU, Qatar, Koweït).
  • Le deuxième groupe se compose de pays dont la production de pétrole arrive à peine à assurer les besoins locaux ou à exporter des quantités négligeables : Oman, Bahreïn, Syrie, Egypte.
  • Le troisième groupe, enfin, se compose de pays importateurs nets de pétrole et dépendants de cette matière : Tunisie, Jordanie, Liban, Maroc, Soudan, Djibouti, Mauritanie, Yémen. Ces deux derniers pays viennent de découvrir du pétrole et pourraient intégrer le club des pays exportateurs dans un proche avenir.

Section 1 – L’importance du pétrole dans les pays arabes

I – Les réserves du pétrole et du gaz naturel

Les réserves mondiales du pétrole sont évaluées, en 2002, à 1068,8 milliards de barils. Elles se répartissent comme suit, par grandes zones :

  • Pays arabes : 61% soit 653,2 milliards de barils. 93% de ces réserves se trouvent en Arabie Saoudite (262,8 milliards), Irak (115), EAU (97,8), Koweït (96,5) et Libye (36).
  • Communauté des Etats Indépendants (ex-URSS) : 7,3%.
  • Amérique du Nord : 3,7%.
  • Autres Etats membres de l’OPEP, à savoir, Iran, Indonésie, Venezuela et Nigeria : 20%.
  • Autres : 7,9%.

Comme on peut le constater, l’Arabie Saoudite dispose à elle seule de 40% des réserves arabes du pétrole et du quart des réserves mondiales.

Pour ce qui est du gaz naturel, les réserves mondiales sont estimées à 172,7 trillons de m3 Elles se répartissent comme suit :

  • Pays arabes : 30% soit 51,86 trillions dont 87% sont situés dans cinq pays : Qatar (25,5) ; Arabie Saoudite (6,3) ; EAU (6) ; Algérie (4,5) ; Irak (3,1).
  • C.E.I : 32%
  • Amérique du Nord : 4,1%
  • Autre Etats membres de l’OPEP : 22,6%
  • Autres : 11,3%

Le Qatar représente, à lui seul, la moitié des réserves arabe du gaz naturel et 15% des réserves mondiales.

II – La production du pétrole et du gaz naturel

La production du pétrole a atteint en 2002, 66,6 millions de barils/jour. La part des pays arabes est de 30% et celle de l’OPEP, dans son ensemble, est de 38,6%.

L’Arabie Saoudite assure 36% de la production globale des pays arabes, suivie par le Koweït et les EAU (avec 10% chacun) et la Libye (6,5%). Ces quatre pays assurent, par conséquent, 62,5% de la production arabe. Le coût de production y est le plus bas au monde : 1 $ le baril en Arabie Saoudite alors qu’il oscille entre 6 et 30 $ le baril dans le reste du monde.

Concernant la production du gaz naturel, elle a atteint en 2001, 3,18 billions m3 dont 80% ont fait l’objet d’une commercialisation.

Le monde arabe a assuré 13,7% de cette production avec 435,8 milliards de m3. L’Algérie assure 36% de la production globale des pays arabes, suivie de loin par l’Arabie Saoudite et les EAU (13% chacun), Qatar (10%) et l’Egypte (6%). Ces cinq pays réalisent ensemble 78% de la production arabe.

III – Les revenus pétroliers des pays arabes

Les revenus pétroliers sont fluctuants au gré du marché, de l’évolution de la conjoncture économique mondiale et d’autres facteurs exogènes : situation politique, guerres et instabilité …

D’une façon générale, ces revenus vont en s’accroissant passant en termes nominaux de 8,6 milliards $ en 1970 à 74,6 milliards de dollars en 1974 (premier choc pétrolier), à 213,7 en 1980 (deuxième choc pétrolier), à 61,5 milliards en 1986 (contre-choc pétrolier) avant de remonter par la suite et atteindre 175,4 milliards en 2000 et 130,9 milliards en 2002.

Evolution du prix du baril et des recettes d’exploitation

Année

Prix du baril (en $)

Recettes d’exportation (en MM $)

1970

2,1

8,6

1974

10,41

74,6

1980

36,01

213,7

1986

12,97

51,5

1996

20,3

108,7

2000

27,6

175,4

2002

24,3

130,9

Entre 1970 et 2002, les pays arabes exportateurs de pétrole ont drainé la bagatelle de 3000 MM $. La part consacrée à « l’aide publique au développement » des pays arabes non exportateurs de pétrole et endettés s’est élevée durant la période en question à 117,5 Mm $ dont 110,5 MM $ ont été décaissés par du CCG, soit 94%. L’Arabie Saoudite à elle seule, y a contribué à hauteur de 65,2% ; le Koweït de 15,7 ; les EAU de 10,1% ; Qatar de 2,2%. Le reste est partagé entre l’Irak (2,7%) ; la Libye (2,3%) et l’Algérie (1%).

Section 2 – Les enjeux du pétrole arabe

Ces enjeux sont multiples, ils sont à la fois politiques, sociaux et économico-financiers.

I – Les enjeux politiques

Ils sont d’ordre interne et externe.

1 – Les enjeux externes

Etant donné le caractère stratégique du pétrole, désigné à juste titre par le vocable « or noir », et son rôle dans l’économie mondiale au cours des prochaines années, le monde arabe, notamment les pays exportateurs de pétrole, continuera à intéresser les grandes puissances. Il fera ainsi l’objet de convoitises multiples allant jusqu’à la domination directe, comme c’est le cas actuellement en Irak.

L’objectif des grandes puissances, en premier lieu les USA, est d’assurer les approvisionnements en pétrole afin qu’il n’y ait pas de retournement de situation de nature à nuire au fonctionnement de l’économie mondiale et aux intérêts étables des milieux financiers.

Le projet américain au Moyen-Orient visant, entre autres, la « démocratisation » de la région s’inscrit bel et bien dans cette perspective. Dans le passé, les USA ne se sont jamais interrogés sur le « déficit démocratique » dans le monde arabe. Au contraire, ils se sont bien accommodés des régimes en place qui sont loin d’être démocratiques.

Ce n’est qu’à partir du moment où leurs intérêts commençaient à être menacés par les coups de terrorisme qu’ils ont changé de stratégie pour promouvoir la démocratie dans les pays arabes. L’objectif non déclaré étant d’éradiquer les sources d’insécurité et d’assurer la stabilité politique dans cette région.

2 – Les enjeux internes

Le contrôle de la rente pétrolière et les modalités de son partage constituent dans chaque pays arabe un enjeu de taille. C’est autour de la rente que s’opèrent des alliances entre les différentes familles politiques et fractions de la société. Ainsi, se crée tout un réseau de clientèles à travers le partage de la rente pétrolière.

Dans ce contexte, les luttes sociales ne visent plus un changement de politique économique, encore moins un changement de société, mais plutôt l’obtention d’une part importante du « gâteau national » que constitue la rente pétrolière.

En définitive, la rente pétrolière régente toute la société. Elle devient un frein à l’évolution sociale. D’où l’immobilisme de ces sociétés et le maintien des structures traditionnelles.

II – Les enjeux sociaux

De l’Etat rentier, les pays exportateurs sont passés progressivement à la société entière. Grâce à la diffusion de la rente pétrolière, les citoyens de ces pays ont perdu le goût du travail et de l’effort. D’où le recours massif à une main d’œuvre immigrée d’origine arabe et asiatique.

Ce n’est qu’après le contre-choc pétrolier, survenu au milieu des années 80, que les pays exportateurs de pétrole ont commencé à se rendre compte des « dangers » que constitue la rente pétrolière, en procédant à des réformes économiques et sociales et en incitant les citoyens à travailler.

III – Les enjeux économico-financiers : le recyclage des pétrodollars

N’ayant pas été préparés à absorber les flux financiers provenant de pétrole, les pays arabes ont dû placer une bonne partie de ces fonds dans les banques occidentales et nouer des alliances avec les puissants groupes financiers.

La finance arabe est devenue un acteur de taille sur le marché financier international et les réseaux financiers arabes sont puissants et bien organisés.

Voilà comment s’effectue le recyclage des arabodollars, d’après une étude sur le monde arabe (cf. A.  Brahimi : dimensions et perspectives du monde arabe, économica 1977 pp : 332-333). En prenant l’exemple du Koweït, on constate que le recyclage des pétrodollars se fait selon trois circuits.

  • Le premier circuit montre qu’en réalité, les pétrodollars ne quittent jamais l’Occident. Les versements des pétrodollars se font sur des comptes ouverts dans des banques anglo-saxonnes. Le placement de ces capitaux se fait par des institutions financières nationales gérées avec le concours des banques occidentales. Seule une faible partie de ces capitaux s’investit directement en placements mobiliers ou immobiliers. L’essentiel de ces ressources prend la direction des économies capitalistes avancées par la voie d’euro-émissions et d’euro-crédits. Ce sont en fait les banques occidentales qui dirigent ces opérations de recyclage sous forme de dépôts à court terme (80%) et placement en obligations internationales et en bons de trésor américains (20%).
  • Le second circuit représente la partie des revenus transformés dans le pays producteur lui-même, pour alimenter le budget de l’Etat. Ces dépenses budgétaires prennent, elles aussi, la direction des économies industrialisées, qui fournissent en retour des biens d’équipement et des biens de consommation industriels et alimentaires. Une autre partie de ces capitaux est consacrée à l’aide internationale. Une troisième partie sert à financer des projets spécifiques dans le monde arabe. Ces capitaux sont, à leur tour, récupérés par l’Occident qui fournit à ces pays (bénéficiaires de l’aide) les biens d’équipement et l’assistance technique nécessaire.
  • Le troisième circuit correspond au marché financier arabe. Il recoupe en partie le circuit précédent du fait du caractère public et semi-public des institutions financières nouvellement créées. En dépit des efforts de régionalisation dans ce domaine, les organismes financiers arabes ont servi au financement de « joint-ventures » industrielles régionales ou internationales, ce qui a permis aux gouvernements et aux entreprises étrangères d’avoir accès aux ressources financières arabes. Les exemples de « joint-ventures » sont nombreux.

Chapitre IV : Le rôle du secteur privé dans les économies arabes

Au lendemain des indépendances politiques, le secteur privé dans le monde arabe était très limité et ne pouvait pas prendre la relève du capital étranger. D’où l’intervention de l’Etat dans la plupart des secteurs d’activité économique et de services (agriculture, industrie, banques, assurances, commerce extérieur, transport…)

Avec le mouvement des nationalisations opéré un peu partout dans le monde arabe, le secteur privé s’est vu confier des tâches nouvelles pour occuper des secteurs dans lesquels il était jusque là absent ou marginal.

Cependant, il faut attendre la nouvelle vague de privatisations qui a déferlé à travers le monde, pour voir le secteur privé se hisser au premier rang en lui conférant un rôle de premier choix dans le développement économique. Ce mouvement de privatisation s’inscrit, pour ce qui est des pays arabes et des PVD en général, dans le cadre des politiques d’ajustement structurel recommandées par les institutions financières internationales : FMI,  Banque Mondiale.

Les objectifs assignés au PAS consistent fondamentalement à assainir les finances publiques en réduisant le déficit public en vue d’assurer la solvabilité des pays fortement endettés. A cet effet, une batterie de mesures de politique économique ont été préconisées, mesures à caractère budgétaire, commercial et social.

Sur le plan budgétaire, il s’agit de redresser la situation des finances publiques par une amélioration des recettes et une réduction des dépenses, notamment les dépenses d’investissement dans la mesure où les dépenses de fonctionnement sont difficilement compressibles. Les privatisations et la rationalisation du secteur public constituent un volet fondamental dans cette problématique.

Sur le plan social, des réductions drastiques ont été opérées dans les budgets sociaux, d’où les répercussions négatives sur le niveau de vie de la population et l’accroissement de la pauvreté.

Section 1 – Les causes et objectifs de la privatisation

I – Les causes de la privatisation

Le mouvement des privatisations a des causes profondes. Elles sont de trois ordres : financier, juridique et politique.

1 – Les causes financières

La plupart des pays sont désireux de contenir les déficits de leurs finances publiques, sans alourdir le poids de la fiscalité ou sans accroître le volume de leur endettement. Le transfert du secteur public au secteur privé vise un triple objectif :

  • Réduire les dépenses publiques en allégeant les subventions d’équilibre versées aux entreprises publiques déficitaires ;
  • Obtenir des ressources complémentaires tirées de la vente des participations financières publiques et la cession d’actifs publics au privé ;
  • Réaliser de substantielles économies en organisant la gestion d’une entreprise publique suivant les méthodes de gestion privée.

2 – Les causes juridiques

Le secteur public est inadapté aux exigences d’une gestion dynamique et concurrentielle grâce à la forme juridique de l’entreprise publique et aux pesanteurs de contrôle excessives et paralysantes.

L’entreprise publique est soumise aux directives de l’Etat et ne peut pas adapter, facilement et rapidement, sa stratégie aux contraintes du marché.

Les propos d’un ancien PDG d’entreprise publique sont clairs à ce sujet : « pour l’entreprise publique, le handicape le plus lourd est bien celui de sa relation avec l’Etat. Le gouvernement et son administration exercent en permanence un contrôle qui la freine dans sa liberté d’agir, quand il ne lui impose pas la sienne propre. L’actionnaire privé s’exprime par une assemblée générale annuelle et un conseil d’administration. L’Etat actionnaire se manifeste à tout moment par l’ensemble de ses administrations concernées. Non seulement il intervient dans la gestion quotidienne, mais il s’attribue le contrôle absolu de la stratégie. Au mieux, il approuve la politique de l’entreprise, souvent il la refuse, au pire, il l’impose » (A. Chalandon : Dénationaliser pourquoi ? Le Monde 11 juillet 1984).

3 – Les causes politiques

L’inadaptation de la forme de l’entreprise publique, notamment en période de crise économique, et la difficulté, voire l’impossibilité de se réformer ont renforcé la détermination de gouvernements d’inspiration néo-libérale ou conservatrice, à substituer l’initiative privée à l’Etat.

Après la chute du Mur de Berlin et l’effondrement des régimes communistes, l’opposition traditionnelle entre le secteur public et le secteur privé a disparu laissant place à une vision plus pragmatique de gestion dans laquelle les deux secteurs sont vus comme complémentaires et non contradictoires. Il y a eu par conséquent moins d’appréhension au secteur privé et la privatisation est vue comme un moyen de développement économique et non comme une forme de pouvoir.

Les controverses idéologiques se son donc estompées : au lieu de « plus d’Etat », on cherche « mieux d’Etat ». à la place d’un Etat interventionniste, est venu succéder un Etat stratège et régulateur.

II – Les objectifs de la privatisation

Les objectifs de la privatisation découlent des causes. Ils sont d’ordre financier, économique et social.

1 – Les objectifs financiers

Il s’agit d’alléger les charges du budget en matière de soutien aux entreprises publiques déficitaires.

2 – Les objectifs économiques

Ils consistent à :

  • Moderniser l’économie.
  • Développer et consolider les économies régionales.
  • Ouvrir l’économie sur l’international grâce à la participation du capital étranger.

3 – Les objectifs sociaux (ils sont de trois sortes) :

  • Sauvegarder l’emploi ;
  • Développer l’actionnariat populaire et l’actionnariat salarier ;
  • Eviter des concentrations capitalistes.

Section 2 – Bilan des privatisations dans les pays arabes

Le produit des privatisations a cumulé dans les pays arabes entre 1990 et 2001 à 17,5 milliard de dollars (342 MM $ pour l’ensemble des PVD). Ce sont les pays comme le Maroc, l’Egypte, le Koweït, la Jordanie et la Tunisie qui ont réalisé l’essentiel de ces recettes comme l’indique le tableau suivant : (en milliards de $).

Pays

Cumul (90-02)

%

Maroc

5,206

29,6

Egypte

5,186

29,5

Koweït

3,964

22,6

Jordanie

1,049

06

Tunisie

0,975

5,5

Autres

1,166

6,6

Total

17,546

100

I – Les modes de cession

On distinguer généralement trois modes principaux :

  • L’attribution directe à un acquéreur principal. Le contrat détermine les droits et obligations en cas de manquement aux engagements pris par ce dernier.
  • L’offre des ventes des actions à la bourse des valeurs. L’objectif étant de dynamiser l’action de la bourse et de développer l’actionnariat populaire par une souscription de petits épargnants.
  • L’actionnariat salarié et la gestion déléguée qui est une forme particulière de privatisation.

Les réalisations en fonction de ces trois modes de cession ont été les suivants :

1 – La vente directe à un investisseur principal

Cette méthode a porté sur 63% de l’ensemble des recettes de privatisation, à savoir 11 MM $. Ce mode de cession est un moyen privilégie pour attirer l’investissement étranger qui apporte au pays concerné un certain « savoir-faire » en matière de management et d’organisation des entreprises. La plupart des pays ont révisé leur législation en vue de lever les obstacles à l’investissement étranger et de faciliter son implantation dans différents secteurs d’activité.

Ainsi, la participation du capital étranger à la privatisation a évolué comme suit dans les pays du MENA entre 1990 et 1999 (en millions de $)

Année

1990

91

92

93

94

95

96

97

98

98

Total

Privatisations (1)

2

17

70

417

1034

1858

2387

2480

2214

2213

12692

Part du capital étranger (2)

3

19

138

325

209

16

603

603

1871

3687

2/1 (en %)

 

17,6

27

33

31,4

5,8

0,6

24,3

27,5

84,5

29

Sur la période étudiée, le capital étranger a participé à hauteur de 30% dans l’acquisition des entreprises publiques privatisées.

2 – La vente à la Bourse des valeurs

Elle a porté en moyenne, entre 1990 et 2001, sur 33% des recettes de privatisation. C’est au Koweït que ce mode de cession a dominé puisqu’il a concerné 80% des sociétés privatisées. Au Maroc, seules 15 sociétés sur un total de 80 ont été mises à la Bourse des Valeurs de Casablanca, générant 8% seulement des recettes de privatisation. En Tunisie, la souscription publique à travers la Bourse ne représente que 6% des produits de privatisation.

3 – L’actionnariat salarié

En vue d’intéresser les salariés au mouvement de privatisation et pour contenir les conflits sociaux qui pourraient en découler, la plupart des pays ont envisagé la cession d’une partie des actions aux salariés de l’entreprise privatisée. En général, cette action est restée limitée, à l’exception de l’Egypte où elle a atteint 6% des recettes de privatisation.

II – Les secteurs concernés par la privatisation

La privatisation a concerné en priorité les secteurs concurrentiels et jugés rentables reportant à plus tard la cession d’activités d’infrastructure dont la rentabilité est aléatoire.

Au Maroc, la privatisation a porté jusqu’en 2001 sur 65 entreprises dont 26 établissements hôteliers, 15 entreprises de distribution de pétrole et de gaz, 9 établissements exerçant dans l’extraction minière, 8 institutions financières et bancaires.

En Egypte, les deux tiers des recettes de privatisation proviennent de la cession d’entreprises ayant comme activité les mines, le bâtiment, les industries chimiques et les industries agroalimentaires.

Au Koweït, la privatisation a porté sur 33 entités : 6 exercent dans les services, 5 dans l’immobilier, 4 dans les services financiers, 4 banques outre les établissements d’assurances, d’industrie et de commerce.

En Tunisie, la cession de quatre cimenteries entre 1998 et 2001, pour une valeur de 600 millions de $ a représenté 60% des produits de privatisation. La cession des établissements touristiques a rapporté 14% des recettes et celle des produits chimiques 7%. Le reste provient des secteurs du textile, de l’agriculture, de la pêche maritime et des industries alimentaires.

Au total, la privatisation a porté sur les entreprises publiques à caractère industriel, suivies par le commerce et finance, les services et l’infrastructure au cours des dernières années, notamment les secteurs des communications.

Conclusion : quel avenir pour les privatisations ?

L’enjeu des privatisations portera, à l’avenir, sur le désengagement de l’Etat d’un secteur stratégique, celui de l’infrastructure. Les besoins en la matière sont considérables.

Déjà la Banque Mondiale estimait, à l’horizon 2006, les besoins d’investissement en infrastructure dans les pays arabes à 370 milliards de $. Les Etats ne peuvent financer, dans le meilleur des hypothèses plus de 85%. 15% resteront donc à la charge du secteur privé, ce qui représente la somme de 60 milliards $.

Les secteurs qui seront concernés à l’avenir seront le transport dans toutes ses variantes (ferroviaire, aérien, maritime), l’eau, les hydrocarbures. D’ores et déjà, les pays exportateurs de pétrole ont signé des contrats de concession avec les grands groupes pétroliers en vue de l’exploration de nouveaux gisements et de leur exploitation (Arabie Saoudite, Koweït, Libye).

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